Ce livre m’a attiré dès que j’ai eu les premiers échos de sa lecture. Beaucoup d’avis mitigés mais également des avis transcendants ont fini par me convaincre de tenter l’aventure avec Rosemary et je ne le regrette pas.
Des parents, deux sœurs et un frère vivent heureux ensemble. Rosemary est une petite fille très bavarde. Sa sœur disparaît et son frère part. Alors, elle cesse de parler. Jusqu’à ce qu’elle se mette à raconter l’histoire de sa famille et celle de sa sœur Fern, un peu différente…
Je pense qu’il est difficile d’écrire une chronique de ce roman sans dévoiler ce qui fait le côté surprenant de cette histoire. Au début, elle a sa part de mystère, d’ombre, de confusion qui m’a un peu dérangée. Elle ne débute réellement qu’à partir de la 100e page. Il faut la lire pour la découvrir, pour se rendre compte que ce n’est pas l’histoire banale d’une fillette qui voit sa sœur disparaître et son frère partir. Non, non. C’est déconcertant, étonnant.
Je n’avais que cinq ans lorsqu’elle disparut de ma vie, mais je me souviens d’elle. Je me souviens d’elle avec précision : son odeur, son contact, des images morcelées de son visage, ses oreilles, son menton, ses yeux. Ses bras, ses pieds, ses doigts.
Rosemary est une enfant de cinq ans lorsque sa sœur disparaît. Elle n’a aucun souvenir du pourquoi ni du comment. Elle va narrer sa vie, au fil des bribes de souvenirs qui l’habitent, et se livrer avec finesse à des réflexions sur la vie, son enfant, la manière dont elle a agit, dont elle a vécu qui est et sera toujours différente des autres. Sans chronologie, sans récit linéaire, on alterne les récits du passé et du présent et c’est je pense ce qui m’a aussi dérangée.
Ce livre nous pousse à réfléchir sur la science, sur l’humanité et ce qu’il en est aujourd’hui. Il est d’une lucidité inimaginable et permet de nous faire prendre conscience de l’horreur humaine possible. Malgré tout, les souvenirs occupent une place importante dans la vie de Rosemary. L’évocation de la souffrance qui l’habite mais également de l’amour et de la tendresse qu’elle ressent pour sa sœur caractérise cette jeune fille abandonnée. Le mélange de ces sentiments rend cette histoire magnifique et déconcertante.
Je pense qu’on ne se remet pas toujours de livre aussi fort, aussi puissant et dérangeant ; et même s’il n’est pas un coup de cœur pour moi, en raison du fil de l’histoire un peu décousu et de la confusion qui m’a imprégnée au début de l’histoire, Nos années sauvages reste une excellente lecture que je recommande vivement.
Le langage a cet effet sur le souvenir: il les simplifie, les solidifie, les momifie. Une histoire souvent répétée est comme une photographie dans un album de famille; elle finit par remplacer l’événement qu’elle était censée représenter.
Une histoire qui chamboule, bouleverse, bouscule, surprend et remet en question. L’histoire étonnante d’une famille peu conventionnelle des années 80 qui m’a profondément émue et surprise. Ce roman restera pour moi une étonnante et merveilleuse découverte.
Mon frère et ma sœur ont eu une vie extraordinaire, mais je n’étais pas là et je ne peux pas vous raconter cette partie de l’histoire. Je m’en suis tenue à celle que je connaissais, la mienne. Cependant, tout ce que j’ai dit ne parle que d’eux, un contour à la craie de l’espace qu’ils auraient dû occuper. Trois enfants, une histoire.
Je prends note de ce roman que je ne connaissais pas 🙂 Merci pour cette chronique !
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j’avais beaucoup aimé ce roman aussi avec effectivement un sujet pour le moins atypique 😉
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