Noire : la vie méconnue de Claudette Colvin • Emilie Plateau

C’est cette phrase du résumé qui m’a convaincue d’emprunter ce roman graphique à la médiathèque : 9 mois avant Rosa Parks, elle devient la première noire à plaider non coupable et à poursuivre la ville en justice. Et pourtant, son nom tombera dans l’oubli. Comment peut-on oublier une femme qui s’est affirmée dans la lutte pour les droits civiques à seulement 15 ans ? 

Prenez une profonde inspiration, soufflez et suivez ma voix. Quittez le lieu qui est le vôtre, quittez le 21e siècle. Vous voici dans les années 1950 au sud des États-Unis, à Montgomery, en Alabama. Désormais, vous êtes Claudette Colvin, une jeune adolescente noire. Ici, noirs et blancs vivent dans la ségrégation. Ici, être noir c’est n’avoir aucun droit. Mais, le 2 mars 1955, Claudette Colvin, qui n’a que 15 ans, refuse de céder sa place à une passagère blanche dans le bus. 9 mois avant Rosa Parks, elle devient la première noire à plaider non coupable et à poursuivre la ville en justice. Et pourtant, son nom tombera dans l’oubli. Voici son histoire…

Qui a déjà entendu parler de Claudette Colvin ? Une jeune adolescente noire qui refusa de se lever dans un autobus de Montgomery, Alabama, et ainsi de céder sa place à un Blanc. Une histoire qui ressemble trait pour trait à celle de Rosa Parks. Sauf que les faits se déroulèrent mars 1955 tandis que Rosa Parks refusa de laisser son siège en décembre 1955, soit neuf mois plus tard. Qu’est devenu Claudette Colvin ? Pourquoi son histoire n’a jamais été rendue publique ?

Ce roman graphique est l’adaptation du roman éponyme de Tania de Montaigne, qui a reçu le prix Simone Veil en 2015, dans lequel elle dresse le portrait de Claudette Colvin, une femme qui a marqué l’histoire mais qui est restée à jamais dans l’ombre. Emilie Plateau retranscrit sous forme de petites vignettes colorées l’histoire de cette adolescente dans l’Amérique des années 50, alors que la ségrégation raciale fait rage, alors que les luttes pour les droits civiques s’élèvent et alors que, quelques mois plus tard, Rosa Parks devient le symbole de cette lutte.

Même si je n’ai pas été sensible aux illustrations de ce roman graphique, les trouvant souvent trop dénuées d’émotions, l’histoire de Claudette m’a énormément touchée. Car elle dénonce le racisme quotidien, la ségrégation et l’envie d’obtenir les mêmes droits pour chaque citoyen. Claudette Colvin était membre du NAACP (Association nationale pour la promotion des gens de couleur) mais, peu après son arrestation, elle tombe enceinte d’un homme marié, ce qui scandalise la communauté noire et l’empêche de devenir un symbole. Tania de Montaigne, dans son roman, a mis en lumière cette héroïne oubliée de la société qui a pourtant défendu des valeurs identiques aux précurseurs des mouvements pour les droits civiques.

Claudette Colvin a 15 ans quant elle refuse de céder son siège à un Blanc dans un autobus de Montgomery, en Alabama. Ce geste lui vaudra d’être menottée, arrêtée, jugée. Mais il fera sens des mois plus tard quand Rosa Parks réitérera les faits et deviendra symbole de la lutte pour les droits civiques. Tania de Montaigne dans une biographique, puis Emilie Plateau dans ce roman graphique ont mis en lumière une héroïne oubliée qui a défendu des valeurs anti-ségrégationniste et de lutte contre le racisme.

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