Laetitia Colombani avait mis la barre très haut dès son premier roman époustouflant (La Tresse), qui avait d’ailleurs été un coup de cœur. Les victorieuses est tout aussi magnifique et je le chérirai également longtemps.
A 40 ans, Solène a tout sacrifié à sa carrière d’avocate : ses rêves, ses amis, ses amours. Un jour, elle craque, s’effondre. C’est la dépression, le burn-out. Tandis qu’elle cherche à remonter la pente, son psychiatre l’oriente vers le bénévolat : sortez de vous-même, tournez-vous vers les autres, lui dit-il. Peu convaincue, Solène répond pourtant à une petite annonce : » association cherche volontaire pour mission d’écrivain public « . Elle déchante lorsqu’elle est envoyée dans un foyer pour femmes en difficultés… Dans le hall de l’immense Palais de la Femme où elle pose son ordinateur, elle se sent perdue. Loin de l’accueillir à bras ouverts, les résidentes se montrent distantes, insaisissables. A la faveur d’un cours de Zumba, d’une lettre à la Reine d’Angleterre ou d’une tasse de thé à la menthe, Solène va découvrir des femmes aux parcours singuliers, issues de toutes les traditions, venant du monde entier. Auprès de Binta, Sumeya, Cynthia, Iris, Salma, Viviane, La Renée et les autres, elle va se révéler étonnamment vivante, et comprendre le sens de sa vocation : l’écriture. Près d’un siècle plus tôt, Blanche Peyron a un combat. Capitaine de l’Armée de Salut, elle rêve d’offrir un toit à toutes les femmes exclues de la société. Sa bataille porte un nom : le Palais de la Femme. Le Palais de la Femme existe.
Laetitia Colombani est une auteure engagée et profondément féministe, cela ne fait aucun doute après avoir lu Les victorieuses. Pour ce deuxième roman, elle a choisi de mettre en lumière le palais de la Femme, un établissement de l’Armée du Salut dont j’ignorais totalement l’existence, à travers deux histoires parallèles. Tout d’abord, celle de Blanche Peyron, que l’Histoire a peu à peu effacée, une femme moderne, libre, généreuse dont l’ambition première au début du XXe siècle est de sauver les femmes que la société oublie. Puis, celle de Solène, brillante avocate qui vit un brun out et s’embarque dans une mission d’écrivain public au sein d’un foyer pour femme.
Elle n’avait pas saisi jusqu’alors le sens profond de sa mission : écrivain public. Elle le comprend seulement maintenant. Prêter sa plume, prêter sa main, prêter ses mots à ceux qui en ont besoin, tel un passeur qui transmet sans juger.
Ces deux histoires superposées ne forment pas seulement un roman féministe ou l’histoire de deux femmes séparées par un siècle mais l’histoire de milliers de femmes dont on ne parle pas en priorité parce qu’elles ne sont pas l’image de la société : les immigrées, les plus démunies, les prostituées, les femmes qui vivent dans la rue, les toxicomanes, etc. Il y a, entre les lignes, une véritable réflexion quant au regard qu’on porte à toutes ses femmes et à ce qu’elles vivent mais également dans le rapport qu’on peut avoir avec elles et avec l’autre, de manière générale, sous prétexte qu’il est différent.
La guerre, elle l’a faite elle aussi, pas besoin d’aller en Serbie. La sienne a duré vingt ans, près d’ici, dans un joli pavillon entouré de rosiers. Son ennemi était bien habillé ; il avait les traits de son mari.
Une nouvelle fois, l’auteure réussit brillamment à véhiculer des valeurs fortes de solidarité, d’entraide, de partage et permet un choc culturel, une remise en question vis-à-vis d’autrui. La puissance du roman réside dans l’histoire du combat de ces femmes pour une vie meilleure. De cultures différentes, d’origines différentes, de nationalités différentes, d’un passé trouble ou douloureux, elles ont chacune leur histoire et sont accueillies sans discrimination. C’est un roman magnifique et bouleversant, qui m’a énormément touchée parce qu’il m’a également permis de découvrir un lieu dont je méconnaissais l’existence alors qu’il me semble désormais une évidence.
Le palais de la Femme, un lieu incroyable dédié aux femmes que la société oublie ou rejette, créé par Blanche Peyron, que Laetitia Colombani met en lumière dans ce roman magnifique qui rend hommage au combat de ces femmes pour prétendre à une vie meilleure, sans discrimination d’origine, de nationalité, de culture ou d’histoire. Profondément féministe, ce roman est un véritable coup de cœur.
J’ai très envie de découvrir ce nouveau roman de Laëtitia Colombani 🙂
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Il serait très bien pour le Club de lectures féministes 🙂
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