Il y a trois ans, j’ai découvert Barbara Abel avec son roman Je sais pas, qui avait été un coup de cœur. Ma sœur étant une dévoreuse de thriller, elle s’est acheté Je t’aime (qu’elle n’a pas beaucoup apprécié malheureusement) et a bien voulu me le prêter pour que je me forge mon opinion.
Après un divorce difficile, Maude rencontre le grand amour en la personne de Simon. Un homme dont la fille, Alice, lui mène hélas une guerre au quotidien. Lorsque Maude découvre l’adolescente en train de fumer du cannabis dans sa chambre, celle-ci la supplie de ne rien dire à son père et jure de ne jamais recommencer. Maude hésite, mais voit là l’occasion de tisser un lien avec elle et d’apaiser les tensions au sein de sa famille recomposée. Six mois plus tard, Alice fume toujours en cachette et son addiction provoque un accident mortel. Maude devient malgré elle sa complice et fait en sorte que Simon n’apprenne pas qu’elle était au courant. Mais toute à sa crainte de le décevoir, elle est loin d’imaginer les effets destructeurs de son petit mensonge par omission…
De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas. Une citation largement employée dans de nombreuses situations que Barbara Abel a réussit à mettre en scène dans cette histoire sous haute tension. A la suite d’un divorce compliqué, Maude a refait sa vie avec Simon, un père veuf et ce dernier est venu s’installer dans la maison qu’elle a hérité de ces parents avec sa fille, Alice. La cohabitation n’est de tout repos et bien que les enfants de Maude s’entendent relativement bien avec Simon, ce n’est pas le cas d’Alice, qui rejette toute forme de bienveillance de la part de sa belle-mère.
La thématique principale qui prend une place importante est reliée à ces deux sentiments qui nous paraissent opposés mais qui peuvent, en un court laps de temps, se transformer : l’amour et la haine. L’auteure décortique alors l’amour sous toutes ses formes à travers ses personnages : l’amour paternel, l’amour maternel, l’amour filial, l’amour conjugal, l’amour fraternel, le premier amour, etc. Jusqu’à ce qu’il glisse progressivement vers la haine.
En prenant comme point d’appui la question de la famille recomposée, l’auteure joue également avec les relations familiales. Protège-t-on ses enfants et les enfants de son conjoint de la même manière ? L’amour est-il le même ? Peut-il s’en rapprocher ? Et, alors qu’on ne s’y attend pas vraiment, un drame va venir bousculer tout l’équilibre que Maude a réussit à construire avec Simon et leurs enfants respectifs. Il y a derrière chaque personnage une psychologie bien travaillée mais cela n’a pas suffit pour me les faire ressentir de l’empathie à leurs égards.
L’auteure dresse alors le portrait psychologique d’une famille, dans ce qu’elle peut être de mieux et de pire. Tout comme on découvre la facette cachée de chaque personnage, l’histoire s’assombrit au fur et à mesure. Même si l’intrigue est, à mon sens, moins captivante que certains de ces romans et j’ai d’ailleurs regretté certains passages lents et mielleux, j’ai tout de même retrouvé dans son récit sa capacité à mettre en scène des personnages de la vie quotidienne, à la fois intéressants et pourtant très ordinaires.
Véritable portrait psychologique d’une famille recomposée, Je t’aime est un thriller avec lequel j’ai passé un moment assez mitigé. L’intrigue se dévoile au fur et à mesure, tout comme les personnages qui, bien qu’étant semblables à nous, cache une part d’ombre. Pourtant, ils n’ont pas su m’émouvoir et je regrette quelques passages un peu mielleux.
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