Cette année, j’ai eu l’honneur de faire partir des jurys pour le Grand Prix des Lecteurs Pocket 2022, dans la catégorie Littérature française et je reviens pour vous parler de mes lectures dans ce cadre.

Le Grand Prix des Lecteurs Pocket 2022, qu’est-ce que c’est ?
https://grandprixdeslecteurs.pocket.fr/
C’est à l’occasion des 60 ans des éditions Pocket que la maison d’édition lance le Grand Prix des Lecteurs, l’occasion de permettre aux lecteurs et lectrices de voter pour leur livre préféré parmi plusieurs catégories : littérature française, littérature étrangère et non-fiction. La sélection était d’ores et déjà effectuée par l’équipe éditoriale de chez Pocket.
Lorsque je me suis inscrite pour devenir jurée, j’avais choisi la littérature étrangère et c’est finalement pour la littérature française que j’ai été sélectionnée. Mais cela n’a pas du tout terni mon enthousiasme car cela m’a permis de faire de chouettes découvertes et de retrouver des autrices que j’aime énormément : Clarisse Sabard, Carène Ponte, Laurence Peyrin et Claire Norton.

La sélection
- Belle Greene d’Alexandra Lapierre
New York, dans les années 1900. Une jeune fille, que passionnent les livres rares, se joue du destin et gravit tous les échelons. Elle devient la directrice de la fabuleuse bibliothèque du magnat J.P. Morgan et la coqueluche de l’aristocratie internationale, sous le faux nom de Belle da Costa Greene. Belle Greene pour les intimes. En vérité, elle triche sur tout. Car la flamboyante collectionneuse qui fait tourner les têtes et règne sur le monde des bibliophiles cache un terrible secret, dans une Amérique violemment raciste. Bien qu’elle paraisse blanche, elle est en réalité afro-américaine. Et, de surcroît, fille d’un célèbre activiste noir qui voit sa volonté de cacher ses origines comme une trahison. C’est ce drame d’un être écartelé entre son histoire et son choix d’appartenir à la société qui opprime son peuple que raconte Alexandra Lapierre. Fruit de trois années d’enquête, ce roman retrace les victoires et les déchirements d’une femme pleine de vie, aussi libre que déterminée, dont les stupéfiantes audaces font écho aux combats d’aujourd’hui.
- Doucement renaît le jour de Delphine Giraud
Connie, jeune femme au caractère bien trempé, a réalisé son rêve de devenir fleuriste et gère sa boutique d’une main de maître. Mais le jour où elle découvre une ancienne photo d’elle à côté d’un petit garçon, toutes ses certitudes s’effondrent. Qui est cet enfant ? Acculé, son père lui avoue qu’il s’agit de Mat, son petit frère. Victime d’un accident à l’âge de deux ans, il est resté tétraplégique et communique peu avec le monde extérieur. Connie l’a effacé de sa mémoire. Emportée par son désir de connaître son frère et de rattraper le temps perdu, elle oublie alors une question essentielle : pourquoi ses parents ont-ils préféré lui cacher la destinée de Mat pendant si longtemps ? Elle ignore encore ce qu’il en coûte de remuer le passé…
- La lumière était si parfaite de Carène Ponte
Comment sa vie a-t-elle pu lui échapper à ce point ? Devenue mère au foyer à la naissance de ses enfants, Megg fait face aujourd’hui à une ado en crise qu’elle ne reconnaît plus. Son mari ne se préoccupe guère des tâches quotidiennes. Et puis il y a eu le coup de grâce, cette saleté d’infarctus qui a fauché sa mère avant l’heure. Tandis qu’elle se résout à vider la maison de son enfance, Megg déniche une pellicule photo qui l’intrigue, et décide de la faire développer. Rien ne pouvait la préparer à la série de clichés qu’elle découvre alors… Une révélation qui bouleversera sa vie. Partie sur les traces d’un passé maternel dont elle ignore tout, Megg ne se doute pas que c’est son avenir qu’elle est en train de reprendre en main.
- Une toute petite minute de Laurence Peyrin
C’était une nuit de 1995, elle avait 17 ans et fêtait la nouvelle année. Que s’est-il passé dans cette salle de bains où elle s’était enfermée avec sa meilleure amie ? Vingt ans après, Madeline sort de prison. Personne n’a jamais su la vérité sur le drame de cette fameuse nuit. Elle a effectué sa peine jusqu’au dernier jour. Comment reprendre le cours de cette vie interrompue ? Parler à des gens qui ne savent pas de quoi on est coupable ? Renouer avec une petite sœur qu’on n’a pas vue devenir adulte ? Vivre et y trouver un sens ? Mad va chercher le bon chemin, pas après pas, dans les dunes des Hamptons, dans les jardins des belles maisons qui l’embauchent, dans les précieux gestes d’entraide. Et grâce à sa mère, au-delà de ses mystères, grâce aussi à Ezra, le cuisinier qui ressemble à un pirate, peut-être Madeline acceptera-t-elle un jour qu’on puisse l’aimer quand même…
- Celle que je suis de Claire Norton
Valentine vit dans une petite résidence d’une ville de province. Elle travaille à temps partiel au rayon librairie d’une grande surface culturelle. Les livres sont sa seule évasion ; son seul exutoire, le journal intime qu’elle cache dans le coffre à jouets de son fils. Et son seul bonheur, cet enfant, Nathan, qui vient de souffler ses six bougies.
Pour le reste, Valentine vit dans la terreur qu’au moindre faux pas, la colère et la jalousie de son mari se reportent sur Nathan… L’arrivée d’un couple de voisins âgés dans l’appartement d’en face va complètement bouleverser sa vision du monde. Car comment résister à la bonté de Guy, qui se conduit avec Nathan comme le grand-père qu’il n’a jamais eu ? Comment refuser la tendresse de Suzette, cette femme si maternelle, elle qui a tant manqué de mère ? Peu à peu, Valentine se laisse apprivoiser. Jusqu’au jour où elle commet une minuscule imprudence aux conséquences dramatiques… Mais une chose change tout, désormais : elle n’est plus seule pour affronter son bourreau et reconstruire sa vie volée. Une bouleversante histoire de résilience qu’on lit le coeur battant dans l’espoir que son héroïne s’en sorte.
- A la lumière de nos jours de Clarisse Sabard
2013. Julia débarque dans sa famille, en plein coeur de la Touraine. Déchue d’un concours de pâtisserie dont elle était membre du jury, la jeune femme ne va pas bien et sa vie part en vrille. Elle décide de se rapprocher de sa famille paternelle, et surtout de Suzette, sa grand-mère, qui vient d’intégrer un EHPAD. Et si cette dernière l’accueille à bras ouverts, ce n’est pas le cas d’Alex, le cousin de Julia, qui lui en veut de son silence radio durant des années… De son côté, Suzette, qui rêverait de voir renaître la pâtisserie familiale, va proposer un pacte aux deux cousins… Julia va plonger dans les affaires familiales, et va notamment découvrir l’histoire d’Eugénie, son arrière-grand-mère, qui a quitté le village en 1919 pour d’obscures raisons… Eugénie, qui a atterri chez sa tante, esseulée, dans les faubourgs parisiens…
- D’amour et de guerre d’Akli Tadjer
1939, dans les montagnes de Kabylie. Adam a vingt ans et rêve de construire une maison pour Zina, son grand amour, la plus belle fille de Bousoulem. La vie serait si simple, si douce. La guerre en décidera autrement. Arraché à son village et à sa fiancée, Adam est enrôlé de force par l’armée pour tuer des Allemands qu’il ne connaît pas, dans une France qu’il ne connaît pas. Prisonnier dans un camp de travail réservé aux soldats coloniaux, dans le nord de l’Hexagone, il découvrira l’horreur, l’hiver et la folie d’un monde où les Français se mettent au service des Boches. Guidé par les souvenirs de Zina et de son Algérie bien-aimée, il découvrira aussi l’amitié, la solidarité, la débrouillardise et les rêves de liberté.
- Les fils du pêcheur de Grégory Nicolas
Alors que le narrateur vient d’apprendre qu’il sera bientôt père d’une petite fille, le téléphone sonne. À l’autre bout du fil, sa mère. Le bateau de son père, Jean, vient de sombrer « corps et biens ». Jamais Jean ne saura que sa petite-fille s’appellera Louise. Peut-être pour lui rendre hommage, peut-être pour apaiser son chagrin, le narrateur se met alors à écrire le roman de ce coquillier blanc et bleu, Ar c’hwil, né presque en même temps que lui. Derrière l’histoire du bateau, c’est celle du père, de ses peines et de ses drames qui se profile. Mais aussi celle d’une famille, faite d’amour filial et fraternel. Une famille simple, où la pudeur des sentiments est de mise. Une histoire intimement liée à celle de la Bretagne, de la pêche et des crises qui ont jalonné la seconde partie du XXe siècle.

Mes ressentis de lecture
En toute transparence, je n’ai pas lu l’intégralité de la sélection. Prise par le temps et le quotidien, je n’ai pas pu découvrir Belle Greene d’Alexandra Lapierre, D’amour et de guerre d’Akli Tadjer et Les fils du pêcheur de Gregory Nicolas. C’est donc sur seulement cinq romans sur huit que je livre mes avis et ressentis à quelques jours de la fin des votes.
Ma seule déception de cette sélection se porte sur le roman de Delphine Giraud, Doucement renaît le jour, qui, même s’il est extrêmement doux, n’a pas su me convaincre et m’a même un peu ennuyée à certains passages… Une toute petite minute de Laurence Peyrin m’a rappelée l’écriture que j’aime tant chez ses autrices, sa plume pointilleuse qui m’avait bouleversée dans Miss Cyclone. C’est certain que Madeline
Les ayant lus l’année dernière, vous pouvez retrouver mes chroniques de La lumière était si parfaite et A la lumière de nos jours. Je les avais tous les deux énormément aimé, ce sont deux récits très beaux. Carène Ponte signait avec son roman un récit la fois lumineux et plus grave, qui véhiculait de très beaux messages sur la vie, l’amour, la transmission. Quant à celui de Clarisse Sabard, c’est une histoire merveilleuse et lumineuse qui m’a cueillie dès les premières pages et je n’aurais pu être plus touchée par la personnalités de ces héroïnes fortes et audacieuses qui se sont transmis la passion, le courage mais aussi des secrets à travers des années.
Mon vote se serait d’ailleurs dirigé vers le roman de Clarisse Sabard si je n’avais pas découvert entre temps Celle que je suis de Claire Norton.
J’ai très longtemps hésité entre les deux mais mon choix s’est finalement porté vers ce dernier. Je pense que je n’oublierai jamais la puissance du roman de Claire Norton, son réalisme glaçant et sa justesse ; pourtant, ce n’est pas un coup de cœur. C’est le genre de récit qui marque, terrifie et révolte, de par sa thématique et sa construction si authentique. Certaines scènes m’ont choquée et même donnée la nausée. C’est pour sa force que je vote, pour les valeurs qu’il transmet, les messages qu’il fait passer et pour la main tendue à celles qui n’ont pas la chance de voir la lumière. Celle que je suis mérite toute la visibilité possible, quand même ce n’est pas une lecture joyeuse.

Mon vote


J’espère que cet article vous aura plu ! J’ai désormais hâte de découvrir l’heureux récompensé !