C’est en lisant la bande dessinée éponyme de Véronique Grisseaux, Winoc et Amélie Causse que j’ai découvert l’histoire contée par Olivia Ruiz et aussitôt refermée, j’ai plongé dans le roman de la chanteuse.

À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l’intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d’une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.

L’Espagne, à feu et à sang
La guerre n’a épargné aucun pays et lorsque la guerre civile se déclare en Espagne, les parents de Rita ne souhaitent sous aucun prétexte qu’elle grandisse sous son égide. Forcée de quitter son pays avec ses sœurs pour rejoindre la France, elle va traverser les Pyrénées, se retrouver enfermée au camp de réfugiés de Collioure avant de terminer son trajet à Narbonne. L’autrice nous immerge avec force de détails et une écriture très visuelle dans le quotidien des immigrés espagnols, racontant le regard des français, les jugements et la difficulté de s’expatrier, d’apprendre une langue, de s’installer dans une ville où il faut se recréer des repères pour se construire.
Un roman qui se lit d’une traite
Divisé en neuf chapitres, représentant chacun un tiroir d’une commode léguée par ladite Rita à sa petite fille, ce roman nous plonge tour à tour dans différentes étapes de sa vie : de son départ d’Espagne jusqu’à sa mort. C’est une vie riche en amour, en souffrance, en espoir mais aussi remplie de joie et de pertes qui se dessine au fil des pages ; une histoire de transmission, de filiation mais aussi d’une histoire de femmes. Chaque tiroir nous emmène un peu plus profondément dans les tourments de Rita, qui va porter pendant des années les stigmates de son immigration. Si j’ai énormément aimé cette histoire sensible, qui nous conte avec justesse l’histoire de femmes fortes et indépendantes, la finalité et l’apparition d’un dernier personnage m’ont cependant laissée perplexe.

Un roman sur la transmission, la filiation, qui porte un regard tendre sur une histoire familiale dramatique, forcée d’émigrée en France pour échapper à la guerre. C’est aussi une histoire de femmes, libres, fortes et indépendantes qui aura su me toucher dans sa globalité même si elle m’a cependant laissée perplexe dans sa finalité.
