Historique

La sorcière de Limbricht • Susan Smit

Parmi les parutions de ce début d’année chez Charleston, ce roman me faisait de l’œil car c’est le premier de la collection Les Ailleurs, dédiée à des romans écrits dans des langues peu traduites.

Juillet 1674, Limbricht. De la fenêtre étriquée du donjon où elle a été enfermée par le seigneur de Limbricht, Entgen Luijten regarde passer les jours, elle qui n’a toujours connu que la vie au grand air, dictée par le rythme immuable des saisons et de la nature. Parce qu’elle a toujours préféré prier au milieu des vieux chênes qu’à l’église, parce qu’elle connaît le pouvoir des plantes qui soignent, parce qu’elle est un peu trop libre et sauvage pour son village puritain et reculé de la campagne néerlandaise et, surtout, parce qu’elle a osé mener la révolte contre de nouvelles taxes imposées par le château, elle est accusée de sorcellerie. Déterminé à obtenir des aveux spectaculaires, le duc organise un procès d’exception aux heures les plus sombres de l’Inquisition. Mais Entgen n’a plus rien à perdre, alors pourquoi ne pas résister, comme personne ne l’a jamais fait avant elle ?

Entjen Luitjen, marginale mais puissante

Inspiré de faits réels, ce roman dresse le portrait d’une femme que l’Histoire a oubliée : Entjen Luitjen. Son résumé n’était pas sans me rappeler Les graciées qui traite d’une thématique similaire et c’est une des principales raisons qui m’ont convaincue de le découvrir. L’histoire d’Entjen est tragique, victime d’une société patriarcale du XVIIIe. En 1674, elle vit seule, et de façon autonome, depuis la mort de son mari lorsqu’elle elle va être arrêtée et soupçonnée de sorcellerie. L’autrice va alors retracer la vie de la vieille femme, alternant les chapitres entre sa détention à la prison de Limbricht et sa vie de jeune femme. Elle dresse le portrait d’une femme solitaire, réservée mais déterminée, qui attire les jalousies et les regards et prend part à des activités dites masculines pour l’époque, ce qui lui vaut le mépris de certains habitants. Une marginale qui connaît la nature, la science des plantes et des herbes médicinales.

Un roman qui dénonce la condition féminine de l’époque

En parallèle, le récit nous immerge au fond du cachot qui l’accueille durant les mois de sa détention. Alors qu’Entjen réfute avec détermination les accusations proférées à son encontre lors de son procès, elle va pourtant subir les tortures infligées aux femmes accusées de sorcellerie. Ces chapitres permettent de mettre en lumière les horribles et révoltantes chasses aux sorcières perpétrées par la peur et l’ignorance, au cœur d’une société patriarcale où la femme doit obéir à son mari dans un chemin tracé et la différence font peur. Les femmes ne doivent pas savoir sinon les connaissances qu’elles détiennent sont considérées comme dangereuses. Si ce roman dénonce une condition féminine effroyable, c’est de façon finalement très didactique. Il n’y a pas de place pour les émotions et cela m’a empêchée de me sentir pleinement embarquée dans le récit.

Un roman qui dénonce les chasses aux sorcières perpétrées par des sociétés patriarcales ignorantes et terrifiées. L’autrice dresse le portrait d’une femme victime du mépris de ses voisins en raison de son originalité et sa solitude, accusée de sorcellerie. Si son histoire est passionnante, le récit est cependant trop didactique…

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