L’enfant du secret • Louise Fein

Ce roman m’avait intriguée mais je ne l’avais pas commencé au bon moment et je l’avais laissé de côté. J’ai décidé de le reprendre il y a quelques semaines et je l’ai dévoré.

Londres, 1929. Eleanor Hamilton est une mère dévouée et l’épouse adorée d’un célèbre héros de guerre. Son mari, Edward, est un pionnier du mouvement eugéniste. Les Hamilton sont en pleine ascension sociale et rien ne semble pouvoir entraver leur avenir radieux. Lorsque Mabel, leur petite fille, commence à avoir des crises, ils doivent faire face à une vérité dramatique : Mabel est épileptique, l’une des maladies « indésirables » contre lesquelles Edward fait campagne. Obligé de cacher leur fille pour ne pas mettre en péril l’oeuvre d’Edward, le couple doit affronter leur passé et les secrets qui ont été enterrés. Eleanor et Edward seront-ils capables de se battre pour leur famille ? Ou la vérité les détruira-t-elle ?

 

La réussite sourit depuis plusieurs années à Edward et Eleanor Hamilton qui ont tout pour se réjouir. Parents de deux beaux enfants dont une fille, Mabel, et un garçon, Jimmy, ils vivent à Brook End, un manoir somptueux dans lequel ils vivent des jours heureux. En pleine ascension sociale, ils sont membres de l’aristocratie anglaise et de fervents défenseurs de la cause eugénique, qui a depuis quelques années vécu un essor au cœur des cercles scientifiques dont fait partie Edward. Jusqu’au jour où ils découvrent que Mabel est sujette à des crises d’épilepsie. Si elles sont d’abord timides, elles vont s’intensifier et devenir plus fréquentes au fil des mois. Tandis qu’il devient difficile de cacher les crises de la petite fille, la société devient de plus en plus dure vis-à-vis de cette maladie dont elle souffre et contre laquelle Edward fait campagne.

Si Eleanor ne souhaite pas interner sa fille, elle n’est malheureusement que la mère de Mabel et n’a donc pas son mot à dire face à l’autorité paternelle qu’exerce Edward. Au fil des chapitres, c’est un véritable combat qui se dessine. Celui d’une mère, intimement persuadée qu’il existe de meilleures options pour sa fille. Celui d’une petite fille, face aux rouages d’une maladie sous-évaluée et hautement jugée. Celle d’un père, convaincue de sa bonne conduite et du pouvoir des traitements.

L’autrice dépeint avec beaucoup de justesse les prémices d’une pensée qui prône la sélection naturelle, la reproduction des Hommes par classes sociales et le lien entre intelligence et hérédité. Elle décrit la maltraitance, la brutalité des traitements imposés aux patients, l’insalubrité des institutions de santé, la violence et les jugements. On décèle une révolte au cœur du personnage d’Eleanor mais également au cœur des messages transmis par l’autrice. Quelques années après la première guerre mondiale, on sent les traumatismes encore très présents. Ce roman est extrêmement bien documenté, rendant compte d’une époque compliquée, intolérante où la différence était cachée plutôt qu’accompagnée, et son histoire est aussi bouleversante que dramatique.

Un roman à la fois bouleversant et révoltant qui dépeint une époque intolérante, compliquée, au cœur de laquelle les traumatismes d’après-guerre demeurent très présents. Le combat d’une mère pour la liberté de sa fille, celui d’une fille pour une existence normale malgré la maladie.