Contemporain

La vie parfaite • Silvia Avallone

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En littérature contemporaine italienne, je ne m’y connais absolument pas ! Pourtant, Silvia Avallone semble en être une pionnière. Je suis achetée son dernier roman, La vie parfaite pour lequel les premiers retours sont très élogieux.

Résumé-01

Adele monte dans le bus qui relie la cité des Lombriconi au centre de Bologne. Elle vient d’avoir 18 ans et part accoucher, seule. Parce que le père est un voyou égoïste, parce que là où elle vit tout le monde semble  » né pour perdre « , parce qu’elle veut donner à son enfant la chance d’une vie meilleure, Adele est sur le point de l’abandonner. Dans son grand appartement du centre-ville, Dora, elle, n’est pas seule. Mais après des années de FIV ratées, son désir de maternité s’est transformé en obsession et mine son mariage. Entre ces deux femmes au seuil de choix cruciaux, il y a Zeno : le voisin d’Adele qui tous les soirs l’espionne depuis son balcon ; l’élève appliqué de Dora, qui connaît les frontières invisibles qui séparent la ville et les êtres. Et tous au fond cherchent la même chose. Un refuge, un lieu tranquille d’où l’on pourrait apercevoir, au loin, la vie parfaite.

Ce que j'en pense-01

Bologne. C’est dans cette ville italienne que Silvia Avallone nous emmène découvrir la cité des Lombriconi, dans les immeubles barres où les cages d’escaliers qui sont autant des terrains de jeux pour les enfants, une cité de béton peuplée d’appartements étouffants et mal isolés. C’est une plongée dans l’histoire d’Adèle et de Dora, une histoire de destins croisés, remplis d’une souffrance particulière, de personnages authentiques et poignants qui luttent pour s’en sortir et réaliser leurs rêves malgré les obstacles.

En mai, quand le vent emportait les fleurs de marronniers et qu’on aurait dit de la neige, elle s’asseyait à l’endroit le plus isolé et escarpé, sous les rameaux blancs d’un bouleau, sur un banc qu’elles avaient rebaptisé, elle et sa meilleure amie,  » l’endroit d’où la vie est parfaite ».

Il y a Adèle, une adolescente de 17 ans qui oscille entre le lycée et son amour pour Manuele jusqu’au jour où, après un rapport non protégé avec son petit-ami, elle se découvre enceinte. Sa vie dans les quartiers populaire de Bologne n’est pourtant pas ce qu’elle pense être l’idéal pour un bébé, malgré son attachement significatif à ce petit être qui grandit en elle. Alors que Manuele est envoyé en prison, elle se retrouve seule face à cet événement qui vient bouleverser son existence. Dora, quant à elle, est professeur d’italien au lycée et vit une existence confortable avec son mari. Seule ombre au tableau, son rêve d’être enceinte se voit brutalement brisé par sa stérilité. Les nombreuses FIV, les hormones, les échecs cuisants malgré sa détermination font rapidement chavirer son quotidien, son couple et son sang-froid.

Ces deux destins, aussi éloignés qu’ils puissent paraître, son pourtant rattachés à la question de la maternité, désirée ou non, de la fécondité. L’auteure pose des mots justes sur ces thématiques qui sont aussi violentes pour l’une que pour l’autre. Pour Dora, ce ventre désespérément vide est une immense souffrance qu’elle ne parvient à atténuer et qui la pousse à haïr ces mères, ces femmes enceintes qui ont, à ses yeux, réussit. Pour Adèle, les modifications de son corps la laissent perdue, seule face à ce bébé. Ses aspirations, ses rêves d’adolescentes de 17 ans se voient chamboulés et les transformations qu’elle subit sont d’une grande violence.

Elle s’en fichait du sang et des points de suture et de mourir. Elle était comme ensorcelée. Captivée et envoûtée par ce visage à peine ouvert comme un coquillage. Elle avait tout à coup tellement d’énergie, une envie folle de rire, pleurer, crier; elle aurait pu déplacer des montagnes pendant que ces yeux, si brillants et encore aveugles, si noirs, la fixaient, grands ouverts. Ahuris face au monde. Elle l’avait appelée Bianca. Comme ce qui est blanc. Comme ce qui est propre et plein de lumière.

Silvia Avallone réussit à mettre en parallèle deux univers qui s’opposent, à les relier par un sujet très puissant et des personnages explosifs, entiers, humains. Autour d’Adèle et Dora gravitent une multitude de personnages témoins de ces bouleversements, réagissant à leur manière, selon leur vie et leur quotidien. Les émotions décrites sont brutes, il n’y a pas vraiment de place pour s’apitoyer ou larmoyer. C’est un récit puissant, dans lequel on est happé dès les premières lignes et qui m’a touché d’une manière très particulière parce que je crois n’avoir jamais lu un roman d’une telle force, qui divise mais séduit en même temps.

Séprateur-01

Ce roman, à la plume incisive et d’une extrême justesse, explore deux univers que tout oppose qui pourtant se retrouvent liés par la question de la maternité, du désir d’enfant. Des personnages entiers, humains qui sont autant de destins croisés, d’âmes en souffrance, de vies abîmées. Un récit puissant dont les mots résonnent encore après la lecture.

Excellente lecture-01

4 commentaires sur “La vie parfaite • Silvia Avallone

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