Dix battements de cœur • Naïma Murail-Zimmermann

Cette couverture magnifique, couplée au résumé énonciateur, m’avait convaincue de vouloir découvrir ce roman se déroulant au cœur de la seconde guerre mondiale. Même si ce ne fut pas l’excellente lecture à laquelle je m’attendais, j’ai passé un bon moment.

D’aussi loin que les souvenirs d’Isabella remontent, Andrew a été là. La présence d’Andrew à ses côtés est aussi naturelle que l’air qui entre dans ses poumons lorsqu’elle respire. Elle n’y a jamais vraiment réfléchi. Pourquoi le ferait-elle ? Andrew, héritier de la famille Chapel, lui appartient puisqu’elle est l’héritière de la famille White. C’est ainsi que les choses se passent dans son minuscule univers, limité à ce qui se trouve entre les quatre murs de l’appartement de Ludgate Hill, dans les Londres de 1939. Mais le monde extérieur finit toujours par pénétrer chez vous. Parfois il se glisse discrètement sous la porte, passant presque inaperçu. Dans le pire des cas, il engloutit votre maison dans un nuage de bombes incendiaires, d’obus, et de hurlements de sirènes.

Au-delà du contexte historique passionnant dans lequel ce roman se déroule, il y a un petit quelque chose qui m’a beaucoup dérouté… Une pincée de fantastique à laquelle je ne m’attendais pas et qui, je dois dire, m’a surprise. Tout au long de ma lecture, j’ai eu du mal à passer au-dessus, sans cesse à vouloir chercher à comprendre, à rationaliser. Les familles White et Chapel sont liées. D’aussi loin qu’Isabella et Andrew peuvent se souvenir, un contrat les a toujours maintenus proche. Un contrat tacite, mystérieux et immuable. Leurs ancêtres l’étaient aussi, si bien que leurs pères sont également reliés par ce fil ténu et invisible.

Andrew ne peut s’éloigner d’Isabella sans en souffrir. Isabella ne vieillit pas tant qu’Andrew reste auprès d’elle. Andrew pourrait mourir d’être trop loin d’Isabella. Ce lien si étrange, si incompréhensible et contraignant m’a énormément désarçonné. Il est, à mon sens, assez mal exploité et dans le contexte du Blitz, lui très bien travaillé, il vient ajouter des informations et des questionnements dont on pourrait se passer. J’ai, de ce fait, eu du mal à percevoir les personnages comme deux êtres à part entière. Si Andrew semble plutôt réservé, on se doute que cela ne tient pas de son véritable caractère. Obligé d’être sans cesse aux petits soins avec Isabella, on peine à voir son vrai visage et sa vraie nature.

En toile de fond, l’auteure montre les conséquences de la guerre qui éclate sur la vie confortable que mène les deux adolescents. Rien n’a jamais manqué pour la famille White, et la famille Chapel par déduction. Pourtant, l’arrivée d’Hilter en Allemagne, l’invasion de la Pologne et l’annonce de l’entrée en guerre des pays Alliés entraînent un grand bouleversement dans le quotidien d’Andrew et Isabella. Contraints de quitter Londres pour la campagne, ils vont alors connaître la faim, les restrictions, l’inconfort, les alertes en pleine nuit et les pluies de bombes incendiaires.

Si j’ai aimé l’histoire de fond, le contexte, c’est parce qu’on sent tout le travail de documentation et d’information de l’auteure sur l’attente, l’angoisse, la peur. Les descriptions détaillées qu’elle en fait permettent de s’immerger au cœur du Blitz. Ma seule déception réside dans la présence de ce lien complexe, qui ne nous est pas véritablement expliqué…

La guerre vue par des yeux d’enfants. C’est ce que Dix battements de cœur nous offre, l’auteure ayant effectué un travail de documentation incroyable pour retranscrire toute l’ambiance particulière du Blitz, l’angoisse, la peur, les bombardements, etc. Si j’ai aimé cette toile de fond, d’autres aspects de l’histoire m’ont beaucoup déçue et sont restés assez incompréhensibles pour moi… Une lecture en demi-teinte.