Pas nés sous la même étoile • Adèle Ninay

Ce roman m’intriguait beaucoup, même si je ne suis pas toujours réceptive à la romance. Cette année, en voulant en lire davantage, je m’y intéresse de ce fait davantage. Celle-ci m’avait l’air différente, très centrée sur la musique et l’art de la danse. Je ne regrette pas mon choix et je remercie Hugo & cie pour cet envoi.

De part et d’autre du périphérique, deux façons de vivre et d’aimer. Nouvelle auteure française, Adèle Ninay casse les codes de la romance avec sa plume âpre et urbaine. Mike et Camille n’avaient aucune raison de se plaire. Sa vie à lui c’est son rap, les potes d’Alfortville, la drogue. Son monde à elle est fait de danse, de littérature, d’une vie familiale tranquille dans le 10e arrondissement de Paris. Il a découvert le cynisme et la rébellion depuis déjà de nombreuses années, elle est sage et solaire. Il l’insupporte dans son rôle de mec de banlieue, de macho à deux balles, elle l’agace avec ses grands airs de princesse. Pourtant leur rencontre doit avoir lieu, et elle les prend par surprise comme un coup de poing en plein cœur. Quand on est si différents, comment avancer ensemble ? Pour l’un et pour l’autre, aucun mot n’a la même définition : violence, plaisir, avenir… fidélité. Balancés l’un contre l’autre par la vie, ils n’auront plus d’autre choix que de résister au choc. Ou d’exploser en plein vol.

Mike et Camille n’ont que peu de choses en commun, si ce n’est pas la passion. Mike est rappeur tandis que Camille est danseuse d’Opéra. Il vient d’une cité de banlieue parisienne, mal fréquentée et a grandi sans son père, décédé quelques années plus tôt. Il vit seul avec sa mère et travaille au Franprix du coin en attendant de gagner sa vie avec sa passion. Elle vit dans le X^e arrondissement de Paris et est bien loin de se préoccuper des finances familiales, ne jurant que par les nombreuses heures de répétition qu’elle enchaîne à l’Opéra pour devenir sujet. Il l’appelle la bourgeoise et se considère comme un gars de banlieue.

Tous les opposent. De leur milieu d’appartenance jusqu’à la vision qu’ils ont de la vie. Leurs mondes vont pourtant se télescoper brutalement alors qu’ils sont loin d’être destinés à se rencontrer. Une relation entière, sincère au cœur de laquelle on peut ressentir toute l’alchimie et la complicité qui naît entre ses deux adolescents passionnés. Grâce à une psychologie poussée des personnages, on découvre l’amour brut, l’amour sauvage qui ne se dicte pas. Tandis que Camille est attachante et touchante dans sa volonté de percer en tant que danseuse, on ressent en face d’elle l’énergie et la colère de Mike dont le passé est un frein à son bonheur.

On sent que l’auteure n’a rien laissé au hasard et a travaillé chaque trait de la personnalité des personnages, ce qui rend Camille et Mike humains, faillibles. Leur amour, c’est aussi passer outre les clichés de leur milieu d’appartenance et s’aimer malgré le fossé social qui les sépare. C’est une belle lecture qui concentre également son propos sur l’art. L’art de la danse et la rigueur, les sacrifices qu’une telle discipline peut exiger. L’art musical et le milieu de la musique, du rap et du show-business. On sent d’ailleurs l’expérience de l’auteure, elle-même musicienne, qui ressort d’entres les lignes. Elle maîtrise son sujet et l’exploite très bien.

Comment faire pour s’accorder alors qu’ils sont si différent ? Loin de faire partie du même milieu social, ils n’ont que très peu de points communs, si ce n’est la passion. Lui, pour le rap et elle, pour la danse. L’histoire de Mike et Camille est une romance brute et une belle histoire d’amour qui confronte les préjugés.