L’audacieux Mr. Swift • John Boyne

Après mon coup de cœur pour Les fureurs invisibles du cœur, qui se trouve être un roman incroyable et magistral, j’étais très impatiente de relire John Boyne. Un grand merci aux éditions JC Lattès qui m’ont envoyé ce roman.

Si vous cherchez bien, vous trouverez des histoires à peu près partout et elles n’ont même pas besoin d’être les vôtres. Tel est, du moins, le credo du prétendu écrivain Maurice Swift lorsqu’il décide de lancer sa carrière. Dans un hôtel berlinois, il rencontre par hasard le célèbre romancier Erich Ackerman qui lui donne l’opportunité de devenir l’auteur qu’il a toujours rêvé d’être. Car Erich se sent seul, et il a une histoire à raconter. Quelque temps plus tard, Maurice Swift s’est enfin fait un nom ; il a désormais besoin de nouvelles histoires qui pourraient l’inspirer. Et peu importe où il les trouve ou même à qui elles appartiennent – tant qu’elles contribuent à son ascension vers les sommets. Des histoires qui le rendront célèbre, mais qui le conduiront aussi à supplier, emprunter, voler. Ou pire encore, qui sait ?

Maurice Swift est manipulateur, calculateur, intéressé, déloyal. L’idée même d’être écrivain le fait rêver, voire même fantasmer. Depuis toujours, il n’a qu’une seule envie : écrire des romans et devenir célèbre. Il n’a d’autre ambition que celle-ci et y croit fermement. Son seul obstacle : un manque cruel d’imagination et de créativité. Où trouve-t-on l’inspiration ? D’où vient-elle ? A quoi doit-on le succès d’une œuvre ? Autant de questions posées au fil du récit de Maurice, grand imposteur de la sphère littéraire.

C’est un personnage qui met mal à l’aise, qui interroge, absolument détestable mais auquel on s’attache irrémédiablement. A travers son histoire, il laisse entrevoir les dessous d’un milieu littéraire étriqué et du monde très fermé de l’édition tout en questionnant les notions de propriété individuelle et de plagiat. Ses nombreux écarts de conduite auprès d’écrivains, de récits, de nouvelles qu’il va utiliser pour son propre compte sont autant de réflexion autour du processus créatif de l’écrivain. On ne peut que réprouver les intentions du jeune homme et pourtant, j’ai eu envie d’en voir plus, de voir jusqu’où il pouvait aller…

Récit magnétique et captivant, construit de manière original en nous présentant Maurice par l’intermédiaire de différents personnages, l’auteur réussit à nous immerger dans un récit assez noir dans lequel un personnage détestable évolue sans pour autant nous en dégoûter. J’ai été hypnotisée par Maurice Swift, par sa personnalité épouvantable, insaisissable et complètement tiraillée entre l’envie de connaître le fin mot de l’histoire et de fermer ce roman qui me hérissait, me mettait mal à l’aise tout en me séduisant. Portrait d’un homme dénué de sentiment, prêt à tout pour arriver à ses fins, ce roman m’a totalement retournée.

Si ce récit est aussi magnétique et hypnotisant, c’est principalement grâce à son personnage principal. Maurice Swift rêve de devenir un écrivain célèbre malgré un syndrome de la plage blanche et un manque cruel de créativité. Manipulateur, insaisissable et déloyal, il séduit autant qu’il met mal à l’aise et c’est la grande force de cette histoire.