Historique

Si je dois te trahir • Ruta Sepetys

Les romans de Ruta Setepys demeurent au fil des années des valeurs sûres, des récits inoubliables ou marquants parce qu’ils viennent mettre en lumière des faits historiques dont on parle pas énormément. Ma découverte de cette autrice (Le sel de nos larmes) fut un coup de cœur confirmée quelques années plus tard par Hôtel Castellana.

Bucarest, octobre 1989. Lycéen, passionné de cinéma américain, Cristian Florescu rêve de devenir écrivain.. mais dans la Roumanie de Ceausescu, même le rêve peut être dangereux. Le jour où il est convoqué par la Securitate, Cristian doit faire un choix impossible : perdre ceux qu’il aime ou travailler pour la police secrète. Devenu informateur, il prend tous les risques pour tenter de changer le régime de l’intérieur. Quand la radio clandestine annonce la chute imminente des États communistes voisins, le vent de l’espoir souffle pour Cristian… Mais quel est le prix de la liberté ?

A chaque roman de Ruta Sepetys, c’est un sentiment de mémoire qui prédomine. De mémoire parce qu’elle s’empare d’un sujet historique qu’on évoque peu et elle tisse une histoire juste et extrêmement touchante autour de ces faits. En 1989, Bucarest est noyé par un régime communiste et totalitaire. Celui de Nicolae Ceausescu. Pour les habitants, cela se traduit par une oppression intense, une surveillance constante, un rationnement important, de l’espionnage entre voisins et souvent des disparitions soudaines mais aussi de la paranoïa et de la violence. C’est un régime qui alimente la méfiance, la peur, au cœur duquel personne n’est à l’abri ni en sécurité. Cristian l’a bien compris car c’est dans ce contexte-là qu’il a grandi et qu’il vit son adolescence. Jusqu’au jour où il est soumis au chantage de la Securitate, les forces du régime, et forcé de devenir un informateur…

Quand bien même ce roman est une œuvre de fiction, certains passages glace le sang par leur véracité et par la capacité de l’autrice de s’inspirer de faits réels. Plus qu’un roman qui décrit une période historique, ce récit est une immersion totale au cœur d’un pays ravagé par une dictature effroyable. L’autrice décrit avec une extrême justesse l’oppression, la surveillance, le doute, la peur. Ce n’est pas sans rappeler de nombreux gouvernements antérieurs mais quand on s’arrête sur les années durant lesquelles la Roumanie a vécu une telle dictature, c’est d’autant plus revolant. 1989, c’est hier et jusqu’à ma lecture de Si je dois te trahir, je n’en avais jamais entendu parler avec autant de détails.

C’est sans surprise que j’ai refermé ce roman la gorge nouée. La révolution roumaine de 89 n’est pas un aspect de l’Histoire d’Europe de l’Est que je maîtrise et j’ai découvert l’enfer. Un régime totalitaire complètement caché par un dictateur qui a donné le change au reste du monde. Révoltant et bouleversant, ce roman met en lumière l’horreur avec justesse et réalisme.

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