Contemporain

Envole-moi • Sarah Barukh

Ma découverte de Sarah Barukh remonte à quelques années puisque j’ai lu Elle voulait juste marcher tout droit en 2017 et cela avait été une excellente lecture, presque inoubliable. Je suis ravie de pouvoir la relire aujourd’hui et je remercie les éditions Albin Michel de m’avoir envoyé son nouveau roman.

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A presque quarante ans, Anaïs a réinventé sa vie à Nice, loin de la grisaille du 19e arrondissement parisien où elle est née. Lorsque Marie, son amie d’enfance, la contacte après une longue absence, des souvenirs enfouis rejaillissent. Les années 90, lorsque le rap et le basket galvanisaient les cours de lycée et le racisme sévissait déjà. Cette amitié bancale, où Marie semblait décider de tout… Et le drame qui les a séparées. Le temps d’un week-end improvisé, les deux femmes affronteront leurs fantômes pour tenter de se retrouver. Grâce à des personnages d’une vérité poignante, Sarah Barukh, l’auteure de Elle voulait juste marcher tout droit, nous plonge au cœur de l’adolescence et de ses stigmates, explorant dans ce roman troublant le poids du passé et la nécessité de s’en libérer pour pouvoir être soi-même.

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L’ambiance m’a rappelé des romans comme Le plus beau reste à venir ou encore L’odeur de la colle en pot qui sont des romans nostalgiques, tendres et nous embarquent dans les années 90. Les années de la cassette VHS, des débuts du rap, du téléphone à fil dans le salon, des booms. C’est à cette époque qu’Anaïs et Marie se rencontrent. Une amitié indéfectible, un lien incroyable et indescriptible se créé entre les deux adolescentes. Elles sont à la fois inséparables et rivales pendant de nombreuses années jusqu’au drame de l’année 1993. Une année qui va marquer un tournant dans leurs vies et faire basculer leur amitié.

Alors des années plus tard, lorsque Marie appelle Anaïs, cette remontée dans l’adolescence et dans leurs souvenirs est brutale et lourde sens. Les deux anciennes meilleures amies entament alors un road-trip à la Thelma et Louise, les héroïnes de leur époque, et remontent le temps, avec leur lot de rancœur et de réminiscence. La douceur de cette écriture permet d’aborder avec beaucoup de mélancholie cette amitié marquante, cette amitié d’une vie que ni l’une ni l’autre n’a réussi à trouver ailleurs, une amitié marquée de drames et de confidences, d’amour aussi.  L’auteure aborde également des sujets très forts tels que l’antisémitisme, le racisme, la vie dans les cités et les quartiers pauvres de Paris face à la bourgeoisie du XVIe arrondissement, l’alcoolisme, les chagrins d’amour, l’adolescence mais également la maternité et le besoin de se trouver soi-même. 

La première chose qui m’a marqué dans cette lecture, c’est que l’écriture de l’auteure n’a pas changé. Elle a évolué, certes mais sa construction demeure identique. Elle est sensible, douce et elle va à l’essentiel, elle ne s’embarrasse pas de longues métaphores ou de figures de style. Ce sont des phrases courtes, des chapitres courts qu’on dévore en apnée et qui font monter crescendo les émotions au fil de la lecture. J’avais déjà été marqué par ce procédé, qui m’avait charmé et qui a à nouveau fonctionné avec cette nouvelle histoire.

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C’est un roman tendre, émouvant, nostalgique et surtout, une très belle histoire d’amitié qui nous embarque dans les années 90 et dans les tourments de l’adolescence, grâce à deux héroïnes très attachantes. L’écriture de l’auteure m’a, à nouveau, charmée car elle réussit à aller à l’essentiel tout en faisant naître au cœur de son récit de belles émotions.

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