Contemporain

Kim Jiyoung, née en 1983 • Cho Nam-joo

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Ce livre m’a été proposé à la fin de l’année 2019 par les éditions NiL et j’ai accepté avec plaisir, très curieuse de découvrir l’histoire qui se cachait derrière cette nouvelle publication. J’ai, à ce jour, très peu lu de récit se déroulant en Corée et j’étais très curieuse du contenu de celui-ci.

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Kim Jiyoung est une femme ordinaire, affublée d’un prénom commun – le plus donné en Corée du Sud en 1982, l’année de sa naissance. Elle vit à Séoul avec son mari, de trois ans son aîné, et leur petite fille. Elle a un travail qu’elle aime mais qu’il lui faut quitter pour élever son enfant. Et puis, un jour, elle commence à parler avec la voix d’autres femmes. Que peut-il bien lui être arrivé ? En six parties, qui correspondent à autant de périodes de la vie de son personnage, d’une écriture précise et cinglante, Cho Nam-joo livre une photographie de la femme coréenne piégée dans une société traditionaliste contre laquelle elle ne parvient pas à lutter. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Kim Jiyoung est bien plus que le miroir de la condition féminine en Corée – elle est le miroir de la condition féminine tout court.

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La littérature, c’est aussi voyager dans l’espace et dans le temps. Je ne suis jamais allée en Corée et pourtant, c’est un pays dont on entend beaucoup parler parce qu’il questionne énormément. Ce roman se vantait d’être un portrait résolument féminin, ce qui me rendait très curieuse. Découpé en six parties, correspondant à six étapes dans la vie de Kim Jiyoung, il retrace le parcours de la jeune femme, de son enfance jusqu’à nos jours, en 2015, en passant par son adolescence, ses années à l’école, ses études à l’université, sa recherche laborieuse d’emploi avant finalement d’intégrer une entreprise et de devenir maman.

Ce qui m’a marquée, c’est avec quel réalisme l’histoire de Kim Jiyoung traduit une injustice ancrée dans une société traditionaliste depuis des générations, une injustice ancrée dans des familles, dans des mœurs. Il ne serait jamais venu à l’idée des femmes de se rebeller, d’affirmer leur position comme personne décisionnaire d’un foyer ou comme représentante et finalement, le plus choquant, c’est de lire sur cette normalité. Comme s’il était normal que les femmes aient accès à moins de droits, qu’elles doivent nécessairement porter des tenues spécifiques à l’école parce qu’elles sont des filles, qu’elles n’aient pas accès aux mêmes emplois parce qu’elles peuvent tomber enceinte, qu’elles ne touchent pas le même salaire que les hommes alors qu’elles se trouvent à la même échelle.

A travers des tranches de vie, des moments du quotidien, et surtout au fil des différentes situations qu’elle va vivre et rencontrer, Kim Jiyoung s’ouvre et on assiste à une prise de conscience de toutes ses inégalités, à son envie de ne pas être jugée, rabaissée, moins importante ou rendue coupable mais surtout à son besoin de ne pas vivre inféodée à la vie de son mari. C’est un roman qui bouscule, nous oblige à nous décentrer et à prendre conscience de l’impact des inégalités, de la pression, du harcèlement dont peuvent être victime les femmes coréennes mais également à comprendre que la condition des femmes et les libertés sont encore grandement à travailler dans certains pays.

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Un roman qui bouscule, qui nous fait nous interroger sur la condition féminine en Corée à travers le portrait de Kim Jiyoung et des tranches de vie quotidienne. Le récit est très réaliste, exposant de manière factuelle une injustice ancrée dans la société, dans les mœurs et les familles et ce qui m’a véritablement marquée, c’est de lire sur cette normalité.

à découvrir

2 commentaires sur “Kim Jiyoung, née en 1983 • Cho Nam-joo

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