Contemporain

Celle que je suis • Claire Norton

Dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs Pocket, j’ai reçu ce roman auquel je ne m’étais pas du tout intéressée lors de sa sortie en grand format. Une première expérience avec la plume de Claire Norton m’avait laissée perplexe et j’ai eu raison de persévérer.

Valentine vit dans une petite résidence d’une ville de province. Elle travaille à temps partiel au rayon librairie d’une grande surface culturelle. Les livres sont sa seule évasion ; son seul exutoire, le journal intime qu’elle cache dans le coffre à jouets de son fils. Et son seul bonheur, cet enfant, Nathan, qui vient de souffler ses six bougies. Pour le reste, Valentine vit dans la terreur qu’au moindre faux pas, la colère et la jalousie de son mari se reportent sur Nathan… L’arrivée d’un couple de voisins âgés dans l’appartement d’en face va complètement bouleverser sa vision du monde. Car comment résister à la bonté de Guy, qui se conduit avec Nathan comme le grand-père qu’il n’a jamais eu ? Comment refuser la tendresse de Suzette, cette femme si maternelle, elle qui a tant manqué de mère ? Peu à peu, Valentine se laisse apprivoiser. Jusqu’au jour où elle commet une minuscule imprudence aux conséquences dramatiques… Mais une chose change tout, désormais : elle n’est plus seule pour affronter son bourreau et reconstruire sa vie volée.

Derrière les apparences…

Valentine est une jeune femme ordinaire, simple et discrète. En somme, comme vous et moi. Maman d’un petit garçon, libraire à temps partiel, son quotidien ressemble à celui d’une vie tranquille. On pourrait aisément idéaliser cette vie, son quotidien huilé et réglé, organisé s’il ne cachait pas le pire des monstres. Derrière la porte de son appartement, Valentine marche sur des œufs. Elle sourit en permanence, n’a pas le droit de se plaindre, de quoi se plaindrait-elle d’ailleurs ? Elle doit être gentille, avenante et veille à ce que le repas soit à la fois prêt mais également bien cuit. Les chemises doivent être rangées, repassées et attention à elle si une petite erreur est commise au milieu de cet environnement oppressant qu’elle s’est efforcée de créer.

Un roman très dur, qui malmène

L’autrice nous emmène au cœur même de la violence, psychologique, physique et psychique. Le récit est dur, l’écriture est à la fois incisive et brute, à l’image de cet homme aux éclats de colère soudains et brutaux. Chaque scène est décrite avec un réalisme glaçant, à tel point que certaines m’ont vraiment mise à mal. L’histoire de Valentine est sombre, elle met mal à l’aise parce qu’elle vient pointer du doigt une réalité à la fois ignorée, que ce soit par les voisins ou l’entourage, mais aussi cachée, parce que la culpabilité est toujours plus forte que la raison. En appuyant sur l’aspect psychologique, l’autrice met en exergue toute la complexité de ce sujet, la manipulation et les sentiments paradoxaux des victimes de violences conjugales.

Ce roman est à la fois violent mais important ; parce qu’il sensibilise à une cause ignorée, cachée : les violences conjugales. L’autrice n’épargne pas le lecteur, décrivant avec un réalisme glaçant le quotidien de Valentine.

Laisser un commentaire