Historique

Là où brillent les étoiles • Nadia Hashimi

Il y a quelques années, j’ai lu La perle et la coquille, aujourd’hui l’un de mes romans préférés. Je n’avais jamais eu l’occasion de relire Nadia Hashimi et j’ai profité d’une lecture commune avec Clara pour y remédier.

Je porte en moi un monde disparu. J’ai besoin du passé pour avoir une chance de construire l’avenir.

Kaboul, 1978. Sitara mène une vie heureuse avec sa famille au palais. Son père est le bras droit du président Daoud. Un soir, elle quitte sa chambre sur la pointe des pieds pour regarder les étoiles. Cette nuit-là, c’est le coup d’Etat ; aucun des siens n’y survivra. Si elle a la vie sauve, c’est grâce aux étoiles et à un soldat qui l’aide à sortir du palais. Mais l’orpheline de dix ans n’est en sécurité nulle part dans ce pays qui a changé de visage en une seule nuit. Sitara est confiée aux soins de deux Américaines qui sont prêtes à tout pour lui permettre de trouver refuge aux Etats-Unis. Là où elle aura une vie meilleure. Jusqu’au jour où le passé revient frapper à sa porte. Sitara comprend alors qu’elle doit faire toute la lumière sur la nuit où sa vie a basculé, sans quoi la nuit n’en finira jamais.

Afghanistan, 1978.

Lorsque le gouvernement afghan mis en place est victime d’un coup d’Etat en 1978, Sitara n’a que dix ans et l’insouciance de son âge. Elle vit depuis des années avec sa famille au palais présidentiel, son père étant l’un des plus proches conseillers du président actuellement en poste. Cette nuit-là, elle voit ses proches assassinés sous ses yeux et sera l’unique survivante. Rescapée grâce à l’un des gardes du palais, elle va trouver refuge au domicile de deux américaines qui travaillent dans le milieu diplomatique. Trente ans plus tard, installée aux États-Unis et devenue chirurgienne, elle vit avec la douleur d’un passé qu’elle ne peut confier et des cicatrices jamais refermées de cette nuit de 1978. Quand un charnier est découvert à Kaboul, elle y voit l’opportunité de retourner dans son pays pour refermer la page et guérir.

Un destin tragique

Nadia Hashimi reprend les thématiques qui font d’elle une autrice talentueuse et nous imprègne d’une histoire dramatique, quasiment inimaginable pour quiconque n’a pas vécu dans un pays bouleversé par la politique, les différents gouvernements, par la violence de son régime. Le destin de Sitara retrace toute la complexité de son exil, forcée de quitter son pays seule en abandonnant derrière elle les corps de sa famille sans pouvoir leur offrir une sépulture décente. La thématique de la construction identitaire est abordée avec une extrême justesse et l’autrice explore alors la psychologie de cette jeune femme hantée par le passé et l’Histoire, déchirée entre deux pays : comment se construire en tant qu’individu quand on doit renier une partie de qui on est ?

Malgré tout, un roman qui ne m’aura pas autant émue

Il faut dire que lorsque j’ai lu La perle et la coquille, le coup de foudre a été immédiat ; il fallait donc une histoire qui soit encore plus touchante que ce roman inoubliable. On ne peut comprendre une telle tragédie dans la construction de soi, on ne peut comprendre l’impact d’un événement aussi violent sur une enfant de dix ans mais on peut aisément imaginer à quel point cela créé des failles, des blessures profondes. C’est pourquoi toute la première partie du roman m’a tenue en haleine tant j’étais à la fois révoltée, choquée et bouleversée pour Sitara. Malheureusement, la femme qu’elle devient par la suite en grandissant n’a pas su me toucher. En colère, tiraillée, froide, j’ai eu le sentiment que sa personnalité mettait à distance le lecteur et je n’ai pas réussi à m’attacher à elle…

Une nouvelle fois, l’autrice nous imprègne d’un conflit afghan au travers de l’histoire de Sitara, survivante du coup d’Etat de 1978 qui a vu basculer le gouvernement. Tout au long de sa vie, elle va tenter de se construire, déchirée entre son pays natal duquel elle s’est exilé et son pays d’adoption. Un destin tragique, une héroïne romanesque mais selon moi un récit déséquilibré qui ne m’a pas autant émue.

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