Historique

Prends ma main • Dolen Perkins-Valdez

Parmi les parutions de ce début d’année, Prends ma main était le roman que j’avais le plus envie de découvrir. Je l’avais déjà repéré en VO et son résumé promettait un récit très fort. Ce fut un coup de cœur !

1973, Alabama. Civil Townsend est une jeune infirmière afro-américaine, fraîchement diplômée et embauchée dans un planning familial à Montgomery. Convaincue de l’utilité de son travail, elle est toute dévouée à ses patientes et assure les suivis de grossesse, mais aussi les prescriptions de contraceptifs aux jeunes filles à sa charge. Lorsqu’elle rencontre Erica et India Williams, treize et onze ans, la vie de Civil va radicalement changer. Car, très vite, elle s’interroge : pourquoi doit-elle leur imposer une contraception alors qu’elles sont si jeunes ? Est-ce que la famille a donné son accord ? Prise de doutes, Civil commence à enquêter sur les pratiques en place dans le milieu médical de son époque. Au risque de perdre son emploi, elle mettra tout en œuvre pour dévoiler une des politiques les plus innommables des États-Unis.

Inspiré de faits réels

1973. Dans un contexte de ségrégation raciale en Alabama, Civil Townsend vient tour à tour de de décrocher son diplôme d’infirmière et un emploi au planning familial de Montgomery. Chargée d’accompagner les femmes dans leur suivi de grossesse mais également dans le suivi et l’administration de contraceptifs, Civil va faire la rencontre des sœurs Williams et s’interroger sur le bien-fondé de sa mission lorsqu’elle découvre que la cadette n’a pas encore ses règles. Inspiré de la vie et du quotidien des sœurs Minnie Lee et Mary Alice Reif, l’autrice dénonce à travers son récit les stérilisations forcées qui ont eues lieu aux Etats-Unis dans les années 70. Et si ce roman m’a autant bouleversée, c’est principalement parce que sa thématique très forte est inspirée de faits réels et il m’a été très difficile de rester insensible et indifférente alors que chaque ligne traduit la détresse et l’incompréhension de fillettes à qui on a enlevé la possibilité d’être mère un jour.

Il n’y a pas de droit plus fondamental pour une femme que d’avoir le choix. Et j’ai exercé ce droit. Pleinement et en conscience. 

Un sujet extrêmement fort

Censée réduire le nombre de grossesse et opérer un contrôle des naissances pour des femmes jugées inaptes à être mère, de nombreux plannings familials ont orchestré des stérilisations forcées à des jeunes filles mais également à des femmes. Pour certaines, elles n’avaient même pas conscience de ce qui allait se dérouler, soit parce que les infirmières ne leur traduisaient pas la vérité soit parce qu’elles étaient isolées pour des raisons de précarité sociale, économique ou encore de différences de langage. Encore plus révoltant, ces faits ne datent que des années 70, soit seulement 50 ans plus tôt, et ils ont perduré puisque dans les années 2000, certaines détenues se voyaient proposer d’être stérilisées en échange d’une remise de peine. Prends ma main est un roman coup de poing, inoubliable de par sa puissance et l’écœurement qu’on peut ressentir face à l’injustice de ces situations.

D’un côté, ils restreignent notre accès à l’avortement. De l’autre, ils nous ligaturent les trompes. Ils coincent les femmes dans une situation impossible.

Ce roman, inspiré de faits réels, est difficile à oublier tant son sujet traduit une injustice inqualifiable. Sous prétexte d’être inaptes à être mère, le gouvernement américain a jugé préférable d’opérer des stérilisations forcées à certaines femmes à leur place. Ce récit est un coup de cœur.

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