Keira Knightley est une actrice que j’aime beaucoup. Je l’ai découverte dans Pirates des Caraïbes il y a plusieurs années et depuis, j’ai continué à m’intéresser aux films dans lesquelles elle jouait. Même si ce n’est pas uniquement parce qu’elle est au casting que j’ai souhaité aller voir Cœurs ennemis, elle reste une marque de qualité, à mes yeux.
Hambourg, 1946. Au sortir de la guerre, Rachel rejoint son mari Lewis, officier anglais en charge de la reconstruction de la ville dévastée. En emménageant dans leur nouvelle demeure, elle découvre qu’ils devront cohabiter avec les anciens propriétaires, un architecte allemand et sa fille. Alors que cette promiscuité forcée avec l’ennemi révolte Rachel, la haine larvée et la méfiance laissent bientôt place chez la jeune femme à un sentiment plus troublant encore.
C’est après avoir vu le film que je me suis aperçue qu’il était adapté d’un roman paru en 2013, The Aftermath de Rhidian Brook (en français : Dans la maison de l’autre). Ce titre est également celui du film en VO et je le trouve bien meilleur que celui de la VF. « Aftermath » signifie les conséquences et c’est principalement ce dont parle ce film, qui se déroule à Hambourg, en 1946. La guerre est terminée, l’Allemagne est vaincue mais désormais occupée par les vainqueurs, et notamment par les Britanniques. La ville a été détruite au trois quart, des milliers de personnes sont mortes et dans ce chaos, Rachel arrive de Londres pour s’installer avec son mari, Lewis, officier chargé de diriger les opérations de reconstruction à Hambourg.
Le film est très lent, une tension plane dans la maison réquisitionnée par les anglais dans laquelle s’installe Rachel et Lewis. Les émotions des personnages sont sur leurs visages, leurs regards parlent à leur place et, même si habituellement j’ai beaucoup de mal avec ce genre de film contemplatif, j’ai énormément aimé découvrir tout le talent des acteurs pour nous transmettre leurs sentiments de manière non verbale. Le film est empreint d’une grande pudeur, d’une tendresse qui cohabite avec le deuil et la souffrance.
Une histoire d’amour s’insinue dans la boucle historique dont traite le film, une histoire d’amour qui se créé face aux non-dits d’un couple, face à l’absence, face au deuil, presque remplie d’espoir face aux atrocités des dernières années. Alors que l’amour s’étiole d’un côté, il grandit de l’autre et la grande problématique des mélodrames s’installe : le trio amoureux. Peut-on aimer deux hommes ou deux femmes en même temps ?
En toile de fond, on assiste à toute la reconstruction d’une ville, d’un pays vaincu. Si les films qui abordent la seconde guerre mondiale se place bien souvent du point de vue des vainqueurs, celui-ci est très intéressant parce qu’il traite du point de vue des allemands. Tous n’ont pas souhaité cette guerre, tous ne sont pas SS, pro-Hitler ou antisémites. Beaucoup ont perdus des proches, leurs familles ou leurs amis, leurs foyers ont été détruits par des bombes. Ce regard différent est trop souvent oublié et vient nous faire prendre conscience des stigmates d’une nation.