Cape May • Chip Cheek

Quand les éditions Stock m’ont proposé ce roman, j’avoue avoir réfléchi. Au-delà du fait qu’il est très bien noté sur la plateforme Goodreads (3,32/5), j’avais peur qu’il ne corresponde pas à mes habitudes de lecture. Finalement, ce fut une excellente lecture ! Un grand merci aux éditions Stock de me l’avoir envoyé.

Septembre 1957. Henry et Effie passent leur lune de miel à Cape May, dans le New Jersey. Hors saison, la petite station balnéaire n’offre guère de distractions – si ce n’est la découverte du plaisir –, et le jeune couple ne tarde pas à s’ennuyer. Leur rencontre avec un groupe de New-Yorkais riches et délurés va leur ouvrir les portes d’un monde insoupçonné. Cape May devient alors leur terrain de jeu : ils s’invitent dans des maisons vides, font de la voile, se saoulent au gin et marchent nus sous les étoiles… jusqu’à cette nuit où tout bascule.

Ma première réaction, après quelques pages seulement de lecture, ça été de me dire que ce roman était surprenant. De part son ambiance, tout d’abord, qui est à la fois si particulière et si intimiste. Un peu à la manière d’un huit clos, on est propulsé dans la station balnéaire de Cape May, alors que la haute saison vient de se terminer et que tous les vacanciers sont rentrés dans leurs résidences principales. Les commerçants ne sont plus nombreux à garder leurs échoppes ouvertes et les plages se retrouvent vides, abandonnées. Pourtant, c’est bien là qu’Effie et Henry, tout juste mariés, décident de partir en voyage de noces.

Ensuite, il y a les réflexions sociales autour du mariage, de l’engagement, de l’amour même que l’auteure distille au fil des pages et des jours que passent le couple de jeunes mariés dans leur maison. Le contexte est un axe important pour comprendre la vision qu’Henry et Effie ont de leur union : originaires du Sud des Etats-Unis, dans les années 50, ils viennent tous les deux d’un milieu agricole. Si Henry parle d’amour quand il évoque Effie, il n’omet pas le fait qu’il l’a épousé car il restait persuadé qu’elle ne lui briserait pas le cœur.

Alors que leur lune de miel touche à sa fin, ils rencontrent un couple de new-yorkais richissime, dont le mode de vie et de pensée est radicalement différent, Clara et Maximilian, avec lequel ils vont partager leurs journées et leurs nuits. Cette parallèle est très intéressante et m’a passionnée. Si le premier couple profite de ces quelques jours pour s’apprivoiser, pour découvrir le sexe et les premières fois, pour découvrir leurs corps, le deuxième semble bien libéré et en attente de nouvelles expériences.

C’est au milieu des vapeurs d’alcool, des soirées tardives et des jeux déshabillés, qu’ils vont jouer un jeu dangereux… L’ambiance parfois étouffante de ce roman en fait tout son charme et c’est d’ailleurs un aspect que j’ai énormément aimé. On lit pratiquement l’histoire d’Effie et Henry en apnée, en attente des révélations, des secrets qui peuvent tomber à tout moment, en extase aussi devant le travail que l’auteur a effectué sur ses personnages, pour les rendre si humains, si vibrants. Rythmé et sensuel, ce roman se dévore jusqu’à la fin.

Un roman qui ressemble presque à un huit clos, à l’ambiance intimiste, sensuelle et étouffante. Les personnages vont s’éveiller, s’apprivoiser et découvrir les prémices du désir. C’est une histoire passionnante que j’ai lue en apnée, captivée par les secrets, les non-dits et par les nombreuses réflexions autour du mariage, de l’engagement et de l’amour.