Contemporain

Sublime royaume • Yaa Gyasi

Suite au gros coup de cœur que j’ai eu en lisant No Home il y a deux ans et demi, je n’avais qu’une hâte : retrouver la plume si particulière de Yaa Gyasi. Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy qui m’ont fait parvenir un exemplaire de Sublime royaume avant sa sortie.

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Gifty, américaine d’origine ghanéenne, est une jeune chercheuse en neurologie qui consacre sa vie à ses souris de laboratoire. Mais du jour au lendemain, elle doit accueillir chez elle sa mère, très croyante, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même et reste enfermée dans sa chambre toute la journée. Grâce à des flashbacks fort émouvants, notamment sur un frère très fragile, nous découvrons progressivement pourquoi la cellule familiale a explosé, tandis que Gifty s’interroge sur sa passion pour la science si opposée aux croyances de sa mère et de ses ancêtres ?

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C’est un roman que j’attendais avec énormément d’impatience et de ce fait, j’avais également beaucoup d’attentes à son égard puisqu’il y a deux ans et demi, j’ai eu un très gros coup de cœur pour No Home, le premier roman de Yaa Gyasi. La première chose qui m’a surprise, c’est son côté contemporain. En effet, alors que l’autrice nous avait offert une fresque historique incroyable, elle s’est concentrée sur un aspect plus moderne de notre société dans ce second roman et cela m’a, au départ, décontenancée.

On est immergé dès le départ dans le quotidien d’une famille ghanéenne, émigrée aux Etats-Unis depuis plusieurs années et on fait la rencontre de Gifty, la fille cadette. Chercheuse scientifique, elle va accueillir sa mère chez elle pour quelques temps après un épisode dépressif. L’autrice use alors d’une construction qui alterne entre les souvenirs de Gifty, son enfance et tous les événements qui l’ont marquée tels que l’absence de son père, les drames familiaux qui se sont enchaînés, la dépression de sa mère, et le présent, sa vie de chercheuse et ses questionnements. Ce schéma narratif permet de comprendre comment elle est devenue aujourd’hui la femme qu’elle est, comment elle en est venue à son métier de scientifique.

Gifty est un personnage complexe, qu’il m’a été difficile de cerner et d’apprivoiser, malgré son évidente sensibilité. Elle se réfugie dans son travail pour échapper à sa vie, se raccrochant à la science après avoir souffert, ce qui entremêle ses interrogations à une dimension religieuse et spirituelle, sa famille étant de fervents croyants. Toute sa vie tourne alors autour de son métier avec cette envie bouleversante de comprendre l’Homme et sa nature. Les nombreuses épreuves qu’elle a traversées lorsqu’elle était enfant l’ont amenée à se questionner sur la bienveillance humaine, sur la nature humaine et on assiste au fil des pages à cette quête qu’elle mène pour se retrouver, se découvrir elle-même, au milieu de tous les paradoxes qui l’interroge.

L’autrice aborde également des sujets très variés tels que l’addiction, le deuil, la dépression, le racisme, la vie des immigrés aux Etats-Unis et cela avec beaucoup de justesse et de pertinence. On sent un immense talent dans son écriture, dans la manière dont elle décide de traiter ces thématiques, dressant le portrait d’une jeune femme qui s’est construite difficilement avec sa double culture américano-ghanéenne. Sublime royaume est une belle histoire, profonde et émouvante mais pour autant, malgré tous ses éléments, je n’ai été aussi touchée que ce que j’espérais par Gifty et son histoire.

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Même si j’ai été moins touchée que lors de ma lecture de son premier roman, l’autrice signe ici un second roman d’une profondeur et d’une justesse indubitable, entremêlant des questionnements scientifiques et spirituels tout au long de son récit et dressant le portrait d’une jeune femme en quête d’elle-même.

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