Lectrice Charleston 2021·Saga historique & familiale

La chanson du rayon de lune • Tonie Behar

Je n’avais jamais lu de romans de Tonie Behar et je ne la connaissais qu’à travers les nouvelles qu’elle a écrit dans les recueils de nouvelles de la team RomCom. J’étais donc très impatiente d’enfin découvrir un de ses manuscrits et je n’ai pas été déçue, bien au contraire !

1860. Joséphine est une « grisette », une des milliers de petites mains qui travaillent dans les coulisses du monde du linge et de la mode. Douée pour créer des petits bijoux fantaisie, elle rêve de pouvoir ouvrir son propre commerce. Mais à une époque où le mariage est une étape incontournable de la vie de femme, elle sait qu’il lui faudrait épouser un homme riche pour sortir de sa dure condition d’ouvrière payée six sous de l’heure. 2020. Amanda est une entrepreneuse dont la marque de bijoux cartonne. Féministe engagée, végétarienne, concernée par l’environnement, elle tente de développer son entreprise en accord avec ses convictions. Mais, même aujourd’hui, est-il possible de vivre une histoire d’amour complètement en dehors des schémas patriarcaux ? Liées par un immeuble parisien, une bague mystérieuse appelée le rayon de lune et des lettres longtemps oubliées, ces deux femmes réussiront-elles à vivre comme elles le souhaitent et à suivre leurs aspirations ?

Le résumé de ce roman m’avait déjà transportée et j’ai pourtant été énormément surprise. J’étais très loin d’imaginer quelle histoire se cachait derrière ce titre, cette couverture, ce synopsis et j’ai tout d’abord été étonnée de découvrir une enquête. Amanda, créatrice de bijoux et cheffe d’entreprise, se retrouve mêlée à la justice du jour au lendemain lorsqu’elle découvre un beau matin le corps défenestré de son ex-petit-ami, un riche avocat, dans la cour de son immeuble. Une découverte d’autant plus choquante pour la jeune femme puisque cela fait des semaines qu’elle n’a plus de nouvelles de lui et qu’il est parti avec le « Rayon de lune », une bague qu’elle a trouvée dans le conduit de sa cheminée et qui était accompagnée d’une correspondance datant de 1860.

Même s’il n’y pas vraiment d’allers/retours dans le passé, l’autrice nous immerge pourtant, en alternance, dans la fin du XIXe siècle, grâce aux lettres de Joséphine Gallais et Antoine Beaulieu. Les deux jeunes gens vivaient en effet dans l’immeuble d’Amanda, cent soixante ans plus tôt, elle dans la mansarde du sixième étage et lui dans son cabinet un peu plus bas. Se dévoile alors une magnifique et touchante histoire d’amour entre ces deux êtres que tout oppose socialement. A travers leurs lettres, on entraperçoit une autre époque, si injuste envers les femmes, les sans-abris, les démunis.

Si l’histoire d’Amanda a moins su me captiver, j’ai véritablement adoré celle de Joséphine. Je l’ai d’ailleurs trouvée bien trop peu étoffée à certains moments, même si la correspondance de Joséphine et Antoine s’étire sur des années. J’avais envie d’en savoir davantage, d’être encore plus présente à la fin de ce siècle et dans cet immeuble. La vie de Joséphine est magnifique, celui d’une femme incroyable qui décide de prendre son destin en main et de réaliser ses rêves à contrecourant des mœurs de l’époque. Ce roman est un très beau portrait de femmes, que ce soit celui de Joséphine ou d’Amanda ; des femmes qui sont déterminées, ambitieuses et fortes.

Liée par un appartement, un immeuble et une bague, les deux héroïnes de cette histoire vont devoir affronter des obstacles pour réaliser leurs rêves, même s’ils sont à contrecourant des mœurs et des codes sociaux. Un portrait de femmes magnifique, qui a davantage su me captiver quand il était question du passé mais qui demeure très beau et met en scène deux femmes ambitieuses et fortes.

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