Historique·Lectrice Charleston 2021

La parfum de l’exil • Ondine Khayat

J’étais très intriguée par ce roman quand il est apparu dans notre programme de lecture de Lectrice Charleston car je n’avais jamais lu de romans traitant du génocide arménien. Ce fut un énorme coup de cœur !

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« Là où s’épanouit le jasmin se trouve la première clé. »

Tel est le dernier message laissé à Taline par Nona, sa grand-mère, qui l’a élevée, guidée, accompagnée à chaque étape de sa vie. Celle qui lui a appris à reconnaître tout un univers subtil d’odeurs – chèvrefeuille, amande, goudron… – et à les associer pour créer de nouvelles fragrances. Maintenant que Nona est morte, Taline, terrassée par le chagrin, est seule à la tête de l’entreprise de parfums créée par sa grand-mère. Sous le massif de jasmin du jardin, elle découvre un carnet en cuir rédigé par Louise, son arrière-grand-mère. Au fil des pages, défile sous ses yeux tout un pan de son histoire familiale : le génocide arménien, la peur, l’horreur, l’exil, mais aussi l’espoir et la renaissance. En levant le voile sur les secrets et les traumatismes du passé, Taline cherche à se libérer enfin des cauchemars qui la hantent pour pouvoir vivre sa propre vie. De Beyrouth à Paris, un roman puissant et empli de poésie, qui évoque les liens mères/filles, la transmission des traumatismes et rend hommage à la capacité de résilience de l’être humain.

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Construit en alternance passé/présent, ce roman nous entraîne dès les premières pages à la rencontre de Taline, une jeune parfumeuse qui vient de perdre sa grand-mère. Depuis des années, c’est Nona, la personne la plus importante dans sa vie et la plus chère à son cœur, qui l’a vue grandir, s’épanouir, qui lui a appris le métier de nez et l’a formée au sein de sa propre entreprise de parfum. Avant de mourir cependant, cette dernière a laissé, dans son testament, la possibilité pour la jeune femme d’en découvrir davantage sur ses origines arméniennes, dont on ne lui a jamais parlé.

A travers trois carnets, et la vie de Louise, son arrière-grand-mère, Taline va découvrir une histoire familiale bouleversante dont elle ne soupçonnait pas l’existence et l’histoire d’une génération de femmes marquées par la guerre. Les carnets nous plongent au début du XXe siècle, à Marache, dans la vie paisible et heureuse de Louise, une petite fille passionnée par la vie, la nature et l’écriture de poèmes. Chaque événement, chaque son, chaque odeur l’inspire au quotidien et elle transforme ces émotions en de merveilleux vers. Jusqu’au jour où son village est pris d’assaut par des soldats turcs et sa famille massacrée. Elle est contrainte de fuir, avec sa petite sœur, sur les longs chemins de l’exil en direction de la Syrie, dans des conditions terribles.

L’émotion était ce qui m’avait le plus manqué ces derniers mois. A Marche, je la capturais partout, dans le regard de grand-père, les baisers de maman, la pureté de Marie, l’amour de Fil, le jardin enchanté, ma cascade d’Haghiar… Chaque jour en était saturé, au point que parfois ce trop-plein m’étouffait. Mais depuis que le monde entier s’était effondré, il ne me restait plus que des résidus d’émotions, de pâles souvenirs de l’intensité d’avant, et j’allais comme une aveugle sur la route, ne cherchant même plus à ressentir.

Cette histoire a été un véritable coup de cœur, même si certains passages sont insoutenables et rendent compte d’une violence extrême. Les descriptions sont très visuelles, portées par la plume à la fois dure, poétique et sensorielle de l’autrice. Il y a tous les sens réunis et particulièrement l’odorat, puisqu’elle détaille avec minutie chaque odeur présente dans l’air. Chaque événement, tout ce que va vivre Louise est décrit avec une justesse et une précision qui m’ont bouleversée : l’horreur, l’indicible, l’annihilation du peuple arménien, les viols, l’exil, … Malgré ces aspects poignants, j’ai voyagé. C’est un roman puissant, inoubliable, marquant.

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Ce roman a été un véritable coup de cœur, inoubliable. L’histoire d’une génération de femmes marquées par la guerre, par le génocide arménien, racontée par la plume à la fois très dure, très poétique et très visuelle de l’autrice. C’est un récit marquant et bouleversant.

Les mots ne se laissent plus approcher, grand-père. Lorsque je m’avance vers eux, ils me fuient. Ils étaient mes plus proches compagnons, ceux sur lesquels reposait ma vie, mais depuis le désastre, ils ne chantent plus.

2 commentaires sur “La parfum de l’exil • Ondine Khayat

  1. Merci pour cette découverte que j’ajoute immédiatement au sein de ma liste. Je n’ai, moi non plus, jamais lu de roman sur cette triste période de l’Histoire et je suis curieuse d’en savoir plus même si je ne suis pas étonnée des passages difficilement supportables…

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