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Les indésirables • Kiku Hughes

C’est en faisant un tour chez mon libraire que j’ai découvert cette bande dessinée, elle m’a d’ailleurs été très bien vendue puisque c’est le libraire lui-même qui me l’a fortement conseillée après que je lui ai parlé de mon intérêt pour les ouvrages abordant la seconde guerre mondiale.

Kiku a 16 ans. Americano-japonaise, elle se sent déconnectée de son héritage japonais et en sait peu sur l’histoire de sa famille qui cultive le secret. Alors qu’elle est en vacances avec sa mère à San Francisco, elle se retrouve brusquement dans les années 1940, propulsée dans un des camps qui a fleuri sur le territoire américain au lendemain de Pearl Harbor. Parquée, Kiku partage le quotidien de sa jeune grand-mère et de 120 000 citoyens nippo-américains déchus de tous leurs droits civiques par leur propre gouvernement, car accusés d’être des ennemis de la nation…

On connaît la seconde guerre mondiale sous le prisme européen, parce que c’est ainsi qu’elle est abordée à l’école et dans les différents manuels d’Histoire. Moi-même je n’ai lu quasiment que des ouvrages dans lesquels il est question de ce conflit depuis ce point de vue. Les indésirables, c’est l’histoire de la famille de Kiku Hughes et l’histoire de ces familles japonaises, enfermées par les autorités américaines dans des camps de détention aux Etats-Unis.

De nombreuses familles ont été déracinées, emmenées loin de chez elles, parce qu’elles étaient japonaises, de nationalité ou de naissance. Être né sur le territoire américain ne garantissait pas la sécurité d’être libre et après les années 40, un questionnaire fut transmis aux différents prisonniers, questionnant leur loyauté envers les Etats-Unis. Avec cette bande-dessinée et l’histoire de l’autrice, c’est tout un pan de l’Histoire américaine que j’ai découverte, à la fois révoltée et choquée.

L’aspect historique est minutieusement détaillé, très bien expliqué et mis en parallèle avec l’actualité sociétale américaine, notamment les interventions de Donald Trump à l’époque de sa présidence. On découvre le quotidien dans les camps, les tensions, le racisme, l’incompréhension. Si les conditions de vie étaient bien différentes de celles des camps de déportation d’Europe de l’Est, la mort et la peur rôdaient malgré tout.

L’autrice signe alors un récit où des thématiques telles que le devoir de mémoire, la perte d’identité ou encore la répétition de l’Histoire sont omniprésentes. On découvre à travers l’histoire de l’héroïne à quel point la mémoire générationnelle est importante et peut impacter des générations, à la suite de traumatismes ou d’événements traumatisants. Cette bande dessinée est donc une excellente découverte, levant le voile sur un fait historique assez peu connu.

La seconde guerre mondiale est finalement bien plu souvent abordée depuis le prisme européen et pourtant, des atrocités ont été commises partout, même sur le territoire des Alliés. Je n’imaginais pas, en ouvrant cette bande dessinée, découvrir une telle histoire… L’histoire de la famille de l’autrice, déportée parce qu’ils étaient japonais pendant la seconde guerre mondiale. C’est un récit révoltant et bouleversant.

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