Historique

La librairie de Téhéran • Marjan Kamali

C’est grâce au défi d’Orane (alias Livriotte) que j’ai enfin pris le temps de lire ce roman, que je m’étais précommandé l’année dernière lors de la rentrée littéraire.

Les amoureux ne se rencontrent jamais par hasard, chacun abrite l’autre dans son cœur depuis le début.

Téhéran, 1953. Les parents de Roya veulent le meilleur pour leur fille : ils l’inscrivent dans un prestigieux lycée de la capitale, espérant bien faire d’elle une savante, une intellectuelle, une femme capable de changer le cours de l’histoire. La jeune fille fréquente régulièrement la librairie de M. Fakhri, où elle trouve de quoi étancher sa soif de poésie et de littérature. C’est là qu’elle va faire connaissance de Bahman, jeune activiste politique, bien décidé à changer le monde. La librairie devient dès lors un lieu de rendez-vous clandestins et de résistance. Dans cette période politiquement mouvementée, parmi les recueils des plus grands poètes persans, naît une inoubliable histoire d’amour.

Téhéran, années 50

Les années 50 ont marqué un tournant dans la politique iranienne. Au cœur de ce conflit très meurtrier, Roya, une jeune adolescente de dix-sept ans passionnée de poésie, fait la rencontre de Bahman, dans les rayons de la Librairie de Téhéran. Sous l’œil attentif de M. Fakhri, le libraire, ils vont tisser une douce histoire d’amour, sans savoir que leur histoire va subir les foudres du passé, des drames enfouis et des secrets d’une génération qui a souffert.

La mère de Roya avait toujours affirmé que notre destin était inscrit sur notre front dès la naissance. On ne peut ni le voir ni le lire, mais toute notre destinée est gravée à l’encre invisible, et la vie ne dévie pas de cette trajectoire. Indépendamment de tout le reste.

L’Histoire en toile de fond de la belle histoire

En démarrant ma lecture, je m’attendais à être davantage immergée dans le contexte politique iranien des années 50 mais ce n’est qu’une toile de fond pour aborder la romance qui se dessine entre Roya et Bahman. L’atmosphère est pesante, pleine du climat sous tension révolutionnaire qui s’est peu à peu installée à la suite de l’opération Ajax et le personnage de Bahman, désireux de défendre son pays et de combattre la dictature qui menace, nous permet de prendre davantage conscience du paysage historique et politique. Pour autant, je n’ai pas trouvé cela assez approfondi et très rapidement on suit Roya dans son immigration américaine, laissant de côté l’Iran et ses révolutions.

La pire chose qui pouvait vous arriver, c’était de tomber amoureuse d’un homme lui-même amoureux de la politique.

Un récit malgré tout passionnant et déchirant

Si j’ai relevé ce petit bémol durant ma lecture, elle a pourtant été très belle. Roya est une femme courageuse, un personnage que j’ai énormément aimée dans ses espoirs, ses combats, ses réussites et ses échecs. L’autrice balaie des années de joies, de désillusions, de traumatismes et de trahisons, faisant de l’histoire de Roya une fresque à la fois puissante et déchirante. Il y a quelque chose de dramatique dans la façon dont les événements, entremêlés de passé et de rancœurs ont influencé les vies des deux personnages.

Une histoire qui m’aura transportée dans l’Iran des années 50, au cœur des révolutions. L’autrice y tisse une histoire d’amour qui restera marquée par les événements et le passé, tout en balayant des années de joies, de désillusions et de traumatismes. C’est un récit déchirant.

Mais l’amour continuera à vivre, les jeunes gens continueront d’espérer, le combat pour la démocratie ne s’éteindra pas. Les livres, les mots, les lettres, l’espoir – tout cela n’a pas de fin. C’est un amour dont on ne se remet jamais.

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