Contemporain

Et que quelqu’un vous tende la main • Carène Ponte

L’année dernière, j’ai eu la sensation de redécouvrir la plume de Carène Ponte avec son roman La lumière était si parfaite. Pour ce nouveau roman, j’ai plongé avec bonheur et ce fut une nouvelle fois un excellent moment.

Le Jardin des Cybèles est une maison de repos qui accueille des personnes abîmées par la vie. Cet été-là, elle ouvre ses portes à deux nouvelles pensionnaires : Valérie et Anna. Quelques jours après leur arrivée, elles font la connaissance de Charline, la propriétaire d’un petit salon de thé voisin. Ce lieu chaleureux devient un véritable refuge pour les deux femmes, qui adorent s’y retrouver pour déguster des gâteaux tout en bavardant. Mais une nouvelle dramatique va chambouler l’existence de Charline et perturber ce fragile équilibre. Valérie et Anna décident alors de mettre leur propre souffrance de côté pour épauler leur amie dans cette terrible épreuve. Toutes trois embarquent pour une virée au bord de la mer. Le temps de ce séjour improvisé, elles comptent bien réapprendre à profiter de la vie?!

Trois héroïnes, trois histoires de vie

A la manière d’un roman choral, Carène Ponte nous offre dans ce roman trois histoires qui viennent se télescoper avec violence mais aussi avec une extrême justesse. Celle de Valérie, une maman de deux filles en difficulté depuis toujours dans son rôle de maman pour témoigner de l’affection, qui semble être arrivée à un point de non-retour dans sa relation avec son adolescente au point d’avoir usé d’un geste qu’elle juge impardonnable. Celle d’Anna qui, à l’inverse de Valérie, doit faire face seule au deuil de sa petite fille, décédée de la mort subite du nourisson. Celle de Charline, jeune femme solaire et optimiste, qui gère sa rupture avec le sourire en apparence et dans la douleur, sans se douter que la vie va la mettre face à d’autres obstacles bien plus douloureux à gérer.

Le Jardin des Cybèles, témoin des drames

C’est au Jardin des Cybèles que les trois femmes vont se rencontrer. Valérie et Anna parce qu’elles viennent y faire un séjour, Charline parce qu’elle gère le café qui le jouxte. Ce lieu de non-jugement et de bienveillance va les accueillir pour qu’elles s’y reposent, qu’elles y fassent le point sur leurs vies, leurs émotions et sur ce qui les y a conduites. Même si elles n’y restent pas, c’est un lieu qui m’a fait l’effet d’être apaisant, d’être accueillant et j’aimerais croire qu’ils en existent. Pour que les étapes difficiles d’une vie deviennent plus faciles à passer, pour que les douleurs soient moins fortes, pour que les deuils soient plus doux et que les émotions soient moins violentes. L’autrice nous offre ici un cadre magnifique, que j’ai eu envie de voir traverser l’histoire, traverser le roman. Parce qu’il vient apporter une certaine paix à ces trois héroïnes, j’ai eu envie de croire que son histoire pouvait faire de même à son lecteur.

Une histoire où la tendresse efface les drames et caresse l’amitié

Les nombreux thèmes qu’abordent Carène Ponte sont forts, profonds : le deuil périnatal, la maternité et sa difficulté, la dépression, le burn-out, la maladie, le chagrin. Pourtant, s’il y a bien une chose que l’autrice ne fait pas, c’est tomber dans le mélodrame et le tragique. Sa plume lumineuse et résolument optimiste parsème son récit d’humour, de tendresse et de légèreté. Si bien que les pages se tournent d’elles-mêmes, les émotions tourbillonnent et les yeux s’humidifient à certains moments face à certaines situations. Valérie, Anna et Charline sont à la fois bouleversantes, vraies et touchantes. Leur amitié, qui naît de leurs drames, m’a beaucoup émue et c’est avec l’impression d’avoir pris une claque que j’ai refermé cette belle leçon de vie littéraire.

Un roman choral qui donne la voix à trois femmes, trois héroïnes abîmées par la vie. Tandis qu’elles se rencontrent, c’est l’amitié qui vient alléger les drames. Carène Ponte nous offre une nouvelle fois une histoire touchante, vraie.

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