Le bruissement du papier et des désirs • Sarah McCoy

Quatre ans cette année que j’ai découvert Sarah McCoy avec Un goût de cannelle et d’espoir. Il y a deux ans, je lisais Le souffle des feuilles et des promesses et je profitais de l’été 2018 pour ouvrir Un parfum d’encre et de liberté. Trois romans qui sont venus confirmer mon amour pour la plume et les histoires de cette auteure. Alors quand j’ai appris que les éditions Michel Lafon publiait son quatrième roman, je n’ai pas hésité une seule seconde. Un grand merci à eux !

1837, île du Prince-Édouard, au large du Canada. Marilla Cuthbert, 13 ans, mène une vie tranquille dans le cadre enchanteur de la campagne, avec ses parents et son frère aîné, Matthew. À la mort brutale de sa mère adorée, Marilla se jure de veiller toujours sur son père et son frère. Cette décision va entraîner sa vie entière. Désormais, elle se consacrera aux autres. Sacrifiant son amour pour John Blythe, elle décide de se battre auprès des plus démunis, les orphelins en particulier. Visionnaire, elle se révolte contre les mœurs de son temps et rejoint les rangs d’anciens esclaves affranchis afin que soit abolie la traite des Noirs. Mais ce combat pour la liberté a un prix : l’hostilité croissante de l’ordre établi. Chaque jour qui passe fait courir à Marilla un danger sans cesse plus grand.

La série Anne : la maison aux Pignons Verts est un succès international qui se concentre sur la vie d’Anne, une orpheline recueillie par une famille d’accueil : celle de Marilla Cuthbert, une femme qui a toujours habité aux Pignons Verts, depuis sa plus tendre enfance. Chaque indice sur celle-ci, disséminé dans la série de Lucy Maud Montgomery, a permis à Sarah McCoy d’imaginer la vie de Marilla. Sa jeunesse, la mort de sa mère, ses premiers émois et son histoire d’amour avec John, , ses souffrances, son amitié avec Rachel, …

Dans cet univers pourtant fictif, on visualise parfaitement le cadre idyllique dans lequel à grandi Marilla : l’île du Prince-Edouard, à la fin du XIX^e siècle. Un endroit balayé par les vents marins, sur lequel s’étendaient des fermes et des plaines fertiles, au large du Canada. Le récit est serti des descriptions remarquables et détaillées du quotidien, du paysages qui évoluent au fil des saisons. Les Pignons Verts semblent être alors un lieu reposant, chaleureux où règne le bonheur et l’amour. Dans ce tableau, la cadette des Cuthbert grandit aux côtés de Mathieu, son frère aîné. Bien qu’ayant l’air fragile, elle n’en demeure pas moins forte et dévouée, fidèle à sa famille, indépendante et fière. Les épreuves qu’elle va traverser n’auront de cesse de renforcer son cœur et son amour des siens.

Sarah McCoy est une auteure qui nous plonge avec justesse et émotion, à chaque nouvelle parution, dans l’Histoire. Par-delà le récit de Marilla, une toile historique se fond dans le décor, celle de l’esclavagisme dans le Sud des Etats-Unis. La jeune femme y tiendra d’ailleurs un rôle important, sa vision du monde évoluant à mesure qu’elle grandit et appréhende la société changeante. Tous les obstacles qu’elle va surmonter vont la conduire à devenir une femme émancipée et engagée. L’auteure signe, à travers le portrait de Marilla, un roman émouvant, qui raconte avant tout la vie et ses drames.

Chaque nouveau roman de Sarah McCoy me procure le même sentiment de bonheur, parce qu’elle sait raconter l’Histoire avec justesse. En imaginant la jeunesse de Marilla, bien avant qu’elle n’accueille Anne aux Pignons Verts, elle signe un portrait de femme sincère, indépendante et forte, dévouée aux siens, qui a le courage de ses convictions. Ce roman est émouvant, magnifique et raconte la vie, simplement, dans un cadre idyllique.